(La Ruche, 2533)

Débordement des corps. Amoncellement de détritus. Agner observe, se dégoute, ne saurait supporter d’autres carnages. Vies gâchées. Chairs lambeaux qu’il faudrait achever. Non. C’est la réparation qu’on demande. Rien à sauver, tout à éclabousser de la mort. Il cercle autour des corps. Explorateurs revenus déchirés de leurs escapades. D’une seringue, parfois d’uniquement ses mains, la vie s’évade pour son plaisir, pour renouer avec l’équilibre, la nécessité de ne laisser que les puissants. Faiblesse au tombeau. A n’avoir jamais supporté la vision d’éclopés. Oisillons évadés du nid qu’il faut battre d’un revers. Des plus valeureux, il soigne, octroie attention, cisailles, coutures, bandages. Une journée de plus dont il ne voit pas le cadran s’agiter. Rapidité du temps.

Nuit artificielle.

Les ustensiles sont rangés. Retrouvent place à leur dortoir. Machines devenues camarades de ses monologues qu’il passe en veille. S’assure de leur sommeil.

Couloir devenant promenade.
Dédale qu'il engueule à chaque excursion.
Connard d'architecte.

Notes qu’il perçoit. Oreille habituée à la musique. Parents lui ayant inculqué d’autres amours que les cadavres décomposés. Il suit. Petit Poucet récoltant les la, si, fa et toute une ribambelle qu’il ne parvient pas à assembler afin d’y reconnaître un morceau. Porte menant au trésor qu’il pousse sans ménagement, sans le souci d’un respect de l’autre. Blondie qu’il reconnaît de suite. D’Orléans. L’aveugle. L’estropiée de la vision. “Bonsoir.” Débuter une conversation, se montrer agréable. Difficile pour celui qui n’est que vulgarité, et asocial ronchon. “J’ai suivi vot’ morceau, je l’ai pas reconnu, donc j’viens demander le titre.”