[ m i r a d o r ]]

‘ i’m gonna take it from you baby ’

acte I. exploration sous-marine. ça prend l’eau, gentiment. sourire entendu. mains qui atteignent le cou. c’est pas synthétique. de la vraie peau. je ne sais pas si ça se tord plus facilement. la main autrefois douce devient rageuse. violence essoufflé. je ne sais pas pour quelle raison, les femmes opposent moins de résistance que les hommes. elle demande pourquoi. enfin, elle ne demande pas vraiment ‘pourquoi’ non. c’est implicite. pourquoi ? pourquoi on tue ? pourquoi on meurt ? pourquoi on aurait pas autre chose à foutre que de venir au monde dans un chaos comme celui-ci ? absence d’émotions. de remords. de plaisir. marionnette qui joue à se couper les fils du haut du ciel. comment ils pourraient être l’évolution ? décider.
décider.
soldat, infirmier, professeur
pute.
TS.
et v’là qu’on te fout le meilleur capteur sensoriel dans l’cul.

elle flotte. comme ces glaçons pilés qui débordent des cocktails. qu’ils sirotaient autrefois en décidant de tout. l’humanité ne danse plus, elle se terre en cherchant, diable, un moyen de survivance dans une histoire qu’elle ne manque pas d’élever au rang de fantasme. l’espoir c’est néfaste.
c’est pour ça que je les bute, c’est un service. la preuve que je compatis, que je continue à servir l’intérêt commun. l’humanité. j’abrège la souffrance.

[ t r a u m a ]]

c’est quoi le problème ?
vous transgressez le règlement. vous n’êtes pas affecter à disposer de moi de cette manière là.

silence. c’était trop formel. beaucoup trop formel.
- désolé ?
- attends, tu te fous d’ma gueule ? t’es pas une putain de machine ?
- je m’appelle velvet.
- c’est pas un prénom ça. personne ne s’appelle velvet.

rire bruyant. à gorge déployée. je ne comprends pas bien l’aspect comique de la situation. ou la blague. à considérer que ça en soit une. peut-être qu’il est d’ailleurs. peut-être que d’où il vient, ‘velvet’ signifie quelque chose d’absurde.

silence. (encore) son regard se noircit. je pourrais fuir ; mais ça serait disproportionné. il est fort, mais pas si fort. sa corpulence est moyenne, sa silhouette élancée. je pense qu’il a une dégénérescence cardiaque,
son pouls fait bam
bam bam
crac
bam.
et il tire, il tire, il tire, son genou me cloue au sol. je deviens peu à peu cette fille faible et fragile qui se laisse faire. qui flotte avec indifférence au-dessus du vide.

ne pas s’en prendre physiquement aux humains  
ne pas s’en prendre physiquement aux humains

rien / rien de rien / je ne sens plus rien
comme ce papillon, je sais qu’il est là. je le vois. entre mes deux yeux se poser tout droit sur mon nez.
est-ce que je le sens ? non, je ne sens rien. rien, je ne sens que le contact froid de mes semblables et le désir furieux des humains.
je l’ai attrapé - c’était ce que je trouvais de plus beau. ce que j’avais vu de plus beau jusqu’à présent.
un papillon.
il est mort quelques heures après et je ne sais pas pourquoi non, mais ça m’a rendu triste. encore aujourd’hui ça me rend triste.
il y avait ces plaisirs coupables. celui de conduire le vieux tacot dans la cour, quelques mètres. ce pourquoi je n’étais pas fait.
et lui, lui là. il a tout arraché. saccagé. salopard.
il arrache les ailes. les plumes. dessine en lettres d’or le
point de rupture.
je vois mon bras détaché de mon propre corps.
et ça continue à tirer
et il continue à rire; parce que c’est foutrement drôle
de finir en pièces. de démonter, casser.
c’est thérapeutique non ? la baise, la casse.