Androïde, humanoïde, antropoïde, anthropomorphe, jolie créature à la peau aussi parfaite que possible sujette à un décorticage ; tous synonyme de ton « obsession morbide », de ta « curiosité pathologique », disent-ils. Tu te penses plutôt esprit scientifique, influençable par le savoir, curieux gamin au passe-temps utile. Combien de fois t’étais-tu surpris à imaginé qu’est-ce que cela ferait de croisé le regard synthétique d’une machine ? Perte de temps que cela serait de compter. Tu n’y peux rien, tu es avide. Méchant désir de savoir à l’appétit insatiable saisissant les parois de ton esprit froid. On t’a apprit enfant à être digne de ta lignée, à ne jamais te contenter de parfait. Qui, aujourd’hui, aurait à redire, si ce n’est ceux à qui ta volonté aspire malaise ? La liste de ceux qui te pensent aliéné est longue mais là-encore, la vérité sort rarement de la bouche de décérébrés mentaux. Le froid est amputant, presque énergisant tant il te fait sentir en vie par sa capacité à te faire valser avec la mort ; on dirait que tes membres sont empaillés dans du béton et cela t’inquiéterait si ta tête en ce moment-même était concentré à parler pluie et beau temps, plutôt qu’à fixé les silhouettes, à quelques mètres de toi. L’excitation te prit de court. Cruelles répliques du genre humain à quelques lumineux détails près, elles étaient à peine comme tu les imaginais. De là où tu étais, caché derrière un mur gelé par le vent criard, elles ne pouvaient voir ton sourire presque perfide mais ce n’était qu’une question de temps avant que leurs capteurs soient l’origine de ta fin. Ce n’était pas vraiment ton but d’en croiser une, encore moins un groupe.

C’était par pur ennui (et parce que tu le pouvais) que tu t’étais aventuré un peu trop loin du campement en cette nuit et regardes-toi maintenant, encerclé comme une vermine et satisfait de ta condition. Sourit, sourit Huan, mais s’ils te repèrent, ta dépouille sourira-t-elle ? Plus là pour le dire donc pas de raison de démentir. Les mains qui tremblent, de peur ou d’émoi, tu cherches ton carnet et ton stylo, seules témoins de tes secrets ébats mentaux. Tu notes tout ce que tu peux capturer d’un regard, tu notes, tu notes, tu ne saisis pas vraiment ce que tu notes, en fait, et il est très peu probable que tu puisses relire les incompréhensibles gribouillages d’enfant plus tard mais dans ta frénésie, tu ne t’en préoccupes pas et pauvres de tes mains, rouges et douloureuse par la température glaciale. Elles finissent par lâcher et tu peux tracer du regard la trajectoire de la mine, traitresse, qui s’échoue au sol, produisant le plus infime des sons pourtant suffisant à alerter tes acolyte nocturne, et qui, enfin, produit une réaction en toi. Ton sang se glace, tes muscles se crispent et tes dents capturent entre elles la peau de tes lèvres. Tu n’oses pas lever le regard de ton carnet, mi-effrayé, mi-émoustillé de ce que tu pourrais voir et tes oreilles semblent s’être relevé sous l’effet de l’attention. Tu n’entends rien, que des voix, pas tout à fait mécanique, tu notes. Il semblerait que les androïdes n’aient pas une ouïe aussi puissante que tu le pensais. Tant mieux pour toi, tant pis pour eux. C’est un peu secoué et tremblant que tu te retire sur la pointe des pieds dans la pénombre et vers l’abri de ton campement, loin de leur présence. Tu as l’impression qu’ils te suivent et tu dois bien avouer que tu es tenté de courir pour échapper à la sensation d’être agripper au bas du dos mais la partie rationnelle de ton cerveau sait que ça ne ferait que les alerter. Il semblerait qu’ils soient en patrouille, contre humain ou contre machine, ça n’a aucune importance, ils sont à la recherche de sang à faire couler, de têtes à rapporter, qu’il soit rouge ou non, qu’elles soient mécaniques ou pas. Heureusement pour toi, on t’a fait intelligent, et particulièrement peureux. Audacieux derrière un tableau de recherche, oui, mais devant le fait accompli, tes jambes oscillent. Ta vie, plus précieuse que ta folie.

Ils n’auront pas ta tête cette nuit-là mais si tu continues Huan, oh si tu continue ça ne saurais tarder.