Dorothée est l'un des visages du système judiciaire au sein de la Ruche, se complait dans cet ordre qu'elle instigue de quelques mots. Madame Windsor est autoritaire et ne s'en cache pas. Les épaules sont droites, le souffle aussi vicié que posé: Dorothée se complait dans ce pouvoir qu'elle a ci et là l'occasion de caresser du bout des doigts. Et plus le chaos gronde, plus la juge est occupée. Plus il y a de mains à couper, plus il y a de langues à délier. La Bettencourt a choisi sa carrière par goût de la punition plus que par réelle ambition (elle qui a le sang bleu a vu toutes les portes s'ouvrir). Dorothée est du côté de l'autorité, toujours. Est persuadée qu'un système fort et répressif est le pilier central d'une société équilibrée. L'avis de madame la Juge aurait peut-être été différent si elle était moins bien née: Dorothée n'a, aussi loin qu'elle s'en souvienne, jamais fait les frais des lois instaurées par le Conseil. Celle qui se voit déjà en Reine Mère a cela de mystérieux qu'elle a toujours volé au dessus des conventions, a toujours su s'en jouer avec finesse.
Non, décidément, Dorothée a bien des vices mais sûrement pas celui de troubler l'ordre public - que du contraire.

Dorothée glisse entre les allées du campement humain, se joue des ombres qui dansent autour de son corps. Madame la juge est hors du temps, semble avoir été épargnée par le poids des années. Dorothée a les traits fermés, se dirige vers l'une des cabanes de fortune à coup de grandes enjambées. La Windsor a la punition dans le sang, se délecte presque des vies qu'elle va briser. Tel est le prix de la justice.
"La salle 30 est prête pour votre jugement, Madame."
"Très bien."