MIND c’est étrange de quoi la vie est faite, parfois. c’est étrange de quoi elle se nourrit, se construit et se façonne. c'est fascinant comme elle se forge, petit à petit, à force de connexions primaires, créant un être à part entière, un individu aux milles facettes sans jamais s'en expliquer ou pire, s'en justifier. naître, grandir, avancer. le chemin est donné, inlassablement circulaire, inlassablement  redondant. l'homme se modèle, pâle copie de son voisin, doux reflet de son ancêtre, tous différents certes mais tous semblables, ou presque. presque. parce qu'il y a les autres; les trop différents, ceux qui ne rentrent plus dans la norme, plus dans la masse.  baz il a la tête qui chauffe trop vite, les synapses qui s'épousent à une célérité déconcertante, tels des engrenages bien huilés que rien ne vient jamais vriller, ou presque. la logique est son temple, 1+1=2, simple, concis, mathématique. pas de fioritures, pas de questions adjacentes, la logique. point. et ça s'enchaîne à vitesse grand v dans son crâne éprouvé. il voit, il modélise. il écoute, il enregistre. il lit, il imprime. et ça s'enchaîne, à vitesse grand v. sans jamais s'arrêter, jamais. jamais. génie, peut-être oui, mais incompris, épuisé, essoré. incapable de se concentrer sur deux choses à la fois, incapable de gérer autre chose que la logique. dont l'humanité est parfois, souvent, dépourvue. il y donc nécessairement des choses qu'il ne comprend pas, baz, qu'il est incapable d'analyser. l'homme par exemple. bel exemple. l'homme et ses manigances, l'homme et ses réactions, l'homme qui navigue en ce monde, si naturellement, armé de facultés sociales lui étant encore aujourd'hui parfois tout à fait étrangères. à tout ça il a néanmoins ses solutions. beren, toujours. l'alcool souvent. la sœur qui aide et apaise. la liqueur qui endort et fait taire, douce illusion qui jamais ne dure et qui fait de lui un esclave. esclave de sa tête qui jamais ne se tait, esclave de son corps qui jamais ne se repaît. BODY reflet d'un âme, d'une condition ou des maux. chair salie ou polie. pas besoin d'écusson ici pour savoir qui est qui, de ça baz en est persuadé. il n'a pas l'apparat des grands, il n'a pas le propreté de l'élite. il est crade, moite et décoré. orné de cadeaux dont il se serait bien passé et dont la douleur le réveille encore parfois la nuit. deux phalanges en moins, sur la main gauche, arrachées par ces conneries de machines animales et pas par un quelconque crime, ce qui lui pend au nez, cependant. et puis la chair, vrillée, à la texture rugueuse et aux reflets rougis, malgré les années passées, malgré les onguents étalés. les flammes sont passées par là, brûlant sa carne, profondemment. c'était ça ou la mort, ça ou la fin. sa main et son bras gauche, défigurés, jusqu'à l'épaule, un miracle qu'ils soient encore là, un miracle qu'il soit encore là. et depuis, ça tire, ça gratte et ça fait remonter de vieux souvenirs, de mauvais souvenirs. les cris, puis le silence, la solitude puis les doutes, avant la délivrance. peut-être qu'il aurait mieux valu crever, avec eux, avec ses équipiers. peut-être que ça aurait été plus simple à gérer, plus simple que de se voir rappeler chaque jour par son corps mutilé que lui est encore là, quand tous les autres ont crevés. SOUL il était mutique le gosse, apathique, prostré. les orbites à peine visible, cachées derrière ses petits bras maigrelets faisant office d'armure, celle entre lui et tous les autres. elle n'arrêtait pas la cacophonie. elle faisait vibrer ses tympans, emplissant sa vision incapable de concentrer ses efforts, quand à l'intérieur, c'était le silence, juste le silence, et le vide. que dire, que faire. aucune putain d'idée. alors il restait mutique le gosse. et il attendait que ça passe. on le croyait timide et réservé, on le croyait un peu étrange mais seule ren avait compris, ou tout du moins avait réussi à voir que quelque chose clochait. car rien n'était aussi simple que l'apparence, rien n'était aussi simple que les faux-semblants. non, rien n'était simple, et surtout pas pour lui, enchaîné au néant, la folie le guettant dans l'obscurité de ses méninges éléctrifiées. il y a de trop ou pas assez chez baz. le néant ou l'absolu. il y a le rien, l'absence, l'air béat et la bouche entrouverte, et puis il y a l'explosion. de joie, de peine, de colère et de rancoeur. de tout en même temps parfois, rarement, heureusement. être juste un peu heureux, juste un peu triste, ce n'est pas baz, non. et c'est flippant la première fois, quand ça vous arrive. quand la peine lui fait contempler la mort, quand la joie l'électrise à outrance, quand la colère le transforme en bête enragée. et puis il y a la peur. cette peur inconnue au bataillon. ou presque. cette peur qui elle ne s'active jamais et qui le rend fou, inconscient, imbécile. il se dit n'avoir peur de rien baz, à moins qu'en réalité il ait peut de tout et que jamais la peur ne s'annule. mais à quoi bon se poser la question, elle restera certainement toujours sans réponse.