La nuit commence à tomber. Elle arrive vite. Au début, j’ai eu du mal à m’y faire. J’aime tellement le jour, le soleil. Il paraît si loin, il ne nous réchauffe plus assez. La nuit tout semble plus morne, plus triste. Le monde devient superficiel, pourtant il m’intrigue, je veux juste savoir ce qu’on peut trouver dans ce monde inconnu, dans cette ville pleine de surprises. L’idée n’est pas la meilleure, n’importe qui pourrait vous le dire mais peu importe, je ne m’arrête pas au jugement des autres. Sinon je ne vivrais plus. Non, j’ai enfilé ma fourrure, j’ai serré ma ceinture, j’ai couvert mes oreilles, mes mains et je suis sortie en douce. La curiosité a quelque chose de malsain, j’ai ce besoin de voir, de découvrir, de comprendre. Newhill c’est la nouveauté, c’est l’espoir. J’ai envie de tout connaître. L’erreur sans doute. Je prends le risque. Le risque c’est quoi ? Cette ville c’est la mienne maintenant, je suis chez moi. J’ai envie de croire en cette nouvelle vie, on a tous été surpris de constater que la vie avait continué. Preuve que l’Homme n’est pas indispensable à la Terre, à la vie… Mais passons. J’ai besoin de prendre mes marques, j’ai besoin de me sentir chez moi. Cette marche nocturne n’a rien d’un caprice, la vie change et j’ai besoin de prendre l’air. L’air bien froid. De la buée sort de ma bouche, je grelotte et je me frotte les bras malgré le fait que je sois bien couverte. Il n’y a pas grand monde dans les rues, c’est tranquille. C’est l’une des premières nuits que je ne crains pas, qui n’est pas affreuse. L’exode a été rude pour tout le monde. La ville semble être un paradis tout trouvé. Un refuge nouveau dans lequel on va devoir vivre, dans lequel l’humanité a une chance, une nouvelle chance. On ne doit pas faire les mêmes erreurs, on ne peut pas. On doit avancer sans oublier les erreurs du passé, ne pas les reproduire. Les humains ne sont pas doués en matière d’erreurs, ils ne savent pas avancer sans les refaire, sans faire du mal. Même la menace de l’extinction ne semble pas les avoir freinés. J’entends encore certains désirer régner sur les androïdes, pourquoi l’humain désire-t-il autant le pouvoir ? Il ne fait que corrompre et rendre mauvais, personne ne semble se rendre compte de cette vérité tragique.

Je souffle. Mon visage se perd dans la contemplation des étoiles. Le ciel est dégagé, beau, rêveur. Je me perds un peu dans la contemplation. Les rues sont quasi désertes, je me sens seule, je profite, j’aime cette idée. Le retour aux sources. J’inspire l’air froid dans mes poumons, je les remplis le plus possible et je souffle à nouveau…La suite, je ne la vois pas vraiment venir. Les choses se passent vite, trop vite. Je reçois un coup à l’arrière du crâne. La douleur n’a pas le temps de s’installer que je perds connaissance. Littéralement, je me tombe dans les pommes, assommée par quelqu’un, quelque chose, je n’ai pas le temps d’avoir peur.

Le noir reste un moment. Je ne saurais dire, je me sens ankylosée, j’ai la bouche pâteuse avec un léger goût de sang sur la langue, loin d’être mon meilleur réveil. Même une cuite ne fait pas aussi mal. Je m’entends grogner, je crois que c’est plutôt bon signe, je suis vivante. Je remue doucement les jambes, je perçois une lumière faible dans la pièce où je me trouve. Pièce, oui, pas d’extérieur, il ne fait pas froid. Je tente de me redresser avant même de savoir où je me trouve. Quelque chose m’en empêche… je devrais sans doute dire quelqu’un. C’est une main qui me tient… chaleureuse et douce. Une voix résonne, me fait grimacer, aie, j’ai mal à la tête. « - Doucement, tu as pris un sacré coup sur la tête » Masculine, plutôt rassurante, je n’ai pas peur, je devrais peut-être mais mon coeur ne s’affole pas. J’ouvre tant bien que mal les yeux, je papillonne un peu, le temps à ma vue de s’habituer à la luminosité de la pièce. Je grimace encore, décidément. Un grognement résonne à nouveau, je me tiens l’arrière de la tête, là où j’ai reçu le coup. Tout est tellement flou, enfaîte à part ce coup, je ne sais strictement rien, même pas comment j’ai atterri chez un parfait inconnu. « - Si j’attrape celui qui m’a assommé, je le tue ! » Paroles en l’air, je n’ai pas cette capacité-là, le meurtre j’entends, je ne crois pas être capable de cela, je ne fais pas partie de cette élite indispensable à notre conseil, à notre survie. « - Je crois que tu devrais t’abstenir, le groupe était cagoulé mais je suis un peu près sûr qu’il s’agissait d’humains » Je fronce les sourcils, je me tourne vers mon hôte. Sa beauté me frappe en première, je crois que ça se voit, je bugue littéralement. Je comprends rapidement que j’ai devant moi un androïde. Je n’ai toujours pas peur, après tout, ils nous ont ouvert leurs portes, pourquoi je devrais douter. Mes yeux se tournent vers la pièce, elle ne ressemble pas à ce que je m’attendais d’un habitat androïde, c’est peut-être stupide d’avoir eu des idées folles, mais cette pièce est relativement vétuste… On est loin des habitations de rêves. Je déglutis, la tête toujours en compote, j’arrive à peine à me redresser. « - On n’est pas dans les quartiers classiques des androïdes là... » L’hésitation est claire, lisible à mon avis sur mon visage. L’homme qui se tient à mes côtés pourrait paraître tellement humain. « - Je… J’aimerais comprendre comment je suis arrivée là » Il se relève alors, sans vraiment faire attention à ce que je viens de demander, l’ignorance n’est pas ultra agréable dans un tel moment, je m’en souviendrais. Je soupire et je me rallonge pour faire passer le tournis qui me saisit. Finalement il revient rapidement avec un verre d’eau, je l’attrape et je le vide rapidement, trop vite sans doute, ça me donne la nausée. Je dois paraître tellement faible. J’arrive quand même à tenir à moitié assise. « - Tu ne vas pas me répondre ? » J’insiste. Il me regarde à quelques pas du lit, le sien sans doute. « - Tu vis caché, je peux en déduire aisément que tu es un déviant, tu te caches, vous n’êtes pas acceptés par les autres » Je le défis un peu, je n’ai pas peur des mots, et puis je suis un peu près sûre qu’il ne me fera pas de mal, sinon pourquoi m’avoir aidé ? A moins qu’il m’ait lui-même assommé. « - Tu ne sembles pas avoir peur des déviants… tes ancêtres ont pourtant voulu les détruire » Je pouffe légèrement, ce qui me fait grimacer pour la troisième fois, aïe, cette fichue tête, je passe ma main à l’arrière de mon crâne. La bosse est grosse, génial ! « - Je ne suis pas mes ancêtres, il s’est passé pas mal de chose entre temps, juste au cas où tu ne saurais pas » Il croise les bras, je sens qu’il me regarde, me guette, il s’attend à quoi ? Que je panique ? Loupé, je ne lui ferais pas ce plaisir. « - Tu vas te décider à me dire ce qui s’est passé ? » Il esquive un sourire, je sens que la situation lui échappe autant qu’à moi. « - Tu t’es faite attaquer. » Je soupire. « - Ça, crois-le ou pas, j’avais cru deviner ! » Je lève les yeux au plafond. La pièce n’est pas très bien éclairée, j’ai l’impression d’être six pieds sous terre, dans une tombe ou presque. C’est inconfortable, étouffant. Peut-être que ses sensations vont de pair avec la migraine qui me tiraille le crâne. Bordel. Je soupire bruyamment, agacée. Il se redresse légèrement, je note bien qu’il garde une certaine distance. « - Vous avez vraiment le don d’être infernal vous les humains, insupportables » Je ne dis rien. Je tente de me relever, la tête me tourne, je manque de tomber, deux bras me rattrapent. « - Ils aiment se mettre en danger apparemment, tu devrais rester coucher encore un peu » Il a une autorité naturelle, je ne suis pas réellement sûre qu’il en ait conscience. Je soupire et je le laisse me repousser sur le matelas. « - Il ne faut pas croire que tous les androïdes vous acceptent, vous les humains, certains se souviennent du mal que vous avez pu faire à cette planète. Des guerres que vous avez commises. » Je tente de comprendre. « - Cela ne me concerne en rien, je n’ai pas fait ce que mes ancêtres ont fait, je n’ai jamais souhaité cela » Il sourit légèrement. L’arrogance se lirait presque sur son visage. « - Évidemment… mais n’imagine pas que la paix règne maintenant que vous êtes dans la ville, c’est l’inverse qui se passe. Certains veulent vous voir partir, ou pire, vous voir périr. » J’ai bien entendu parler des attaques, les androïdes assassinés, les humains assassinés. Qui est responsable ? Personne ne veut répondre, les tensions augmentent. « - Sache simplement que ce n’était pas des déviants qui t’ont attaqué » Je cherche son regard... « - Pourquoi des déviants m’auraient attaqué ? Je ne faisais rien de mal, je prenais l’air, j’ai grandi enfermée, les trois quarts de ma vie, parfois ça fait du bien » Je commence à perdre patience, trop de mystères, je suis bien trop curieuse. « - Si ce n’était pas des déviants qui était-ce ? » Tout se bouscule un peu dans ma tête. Je découvre que je suis agressée, je ne sais même pas pourquoi, apparemment, les déviants n’y sont pour rien… d’ailleurs je suis sauvée par l’un d’eux… ça commence à faire beaucoup de choses. Je respire calmement pour tenter d’y voir plus clair, pour me préparer à la réponse que je vais obtenir. « - Ce sont des humains qui t’ont attaqué, une chance pour toi que je passais par-là » Il semble fier de m’avoir sauvé. « - Tu aurais pu me laisser… je ne vois pas pourquoi tu t’es pris pour un super héros » Il rit légèrement. « - Un Merci aurait pu suffire, et hors de question de laisser faire, les meurtres des humains ne profitent pas aux déviants, ils ne profitent à personne, il faut juste que les gens ouvrent les yeux. Je ne voulais pas que l'on soit accusé de quoique se soit » Je tente encore de me relever. « - Je crois que je devrais rentrer » Il me barre la route. Je lève la tête, je ne suis pas très grande mais lui fait plus d’une tête de plus que moi. « - Quoi ? Tu as peur que je te dénonce ? Que je fasse venir les méchants pour t’arrêter ? » Je soupire, un peu rageuse. « - C’est stupide, tu viens de me sauver la vie et je ne sais même pas comment tu t’appelles, ça c’est totalement stupide et ça mérite éclaircissement » Je croise les bras sur ma poitrine et j’attends une réponse. « - Jehan, tu sembles bien différente des humains que j’ai pu croiser. Ceux qui veulent notre fin » Il a un demi sourire. « - Vas-tu me dire ton prénom ? » Je souris taquine. « - Non, parce que le mystère ça me plait, et je suis un peu près sûre que si l'on tente à nouveau de me tuer ou je ne sais quoi, tu interviendras ! Je me trompe ? » Je souris. « - Je dois rentrer avant qu’on s’inquiète de mon absence, je te jure que je ne dirais rien, je n’ai rien contre les déviants… tu le vois bien n’est-ce pas ? Essaie la confiance, je suis sûre que tu ne le regretteras pas. Avec moi tu n'as rien à craindre » Il me rend alors mon manteau, mes gants et tout mon attirail pour sortir dans le froid. Il me laissera alors juste devant la porte de la nouvelle maison où ma famille vit. J’aurais bien du mal à trouver le sommeil cette nuit-là, mon cœur battait trop vite. Une nuit de folie… et un mal de crâne persistant… vraiment !

Jehan ne risque rien, vraiment rien. A mes yeux les déviants fonctionnent comme des humains, des humains améliorés. Je n'ai pas l'intention de faire régner la terreur, de dénoncer qui que se soit, c'est l'inverse que je cherche, j'aime cet endroit, il est plein de possibilités, j'aimerais sincère que tout le monde puisse le voir, le comprendre, sans jamais tout ramener à une question de pouvoir...

Briana Bettencourt. Fille aînée de la première branche de la grande famille d’origine française des Bettencourt, une des familles qui ont financé la Ruche. Rôle qui pèse sur ses petites épaules qui semblent frêles. Rôle qu’elle n’aime pas. Elle ne supporte pas les faux semblants, les faux-sourires et l’hypocrisie. Elle aime sa famille mais parfois ils représentent trop de choses, trop d’idées, trop de préjugés. Elle aimerait qu’on puisse la connaître à sa juste valeur. Qu’on oublie son nom de famille et l’histoire qui va avec • Les gens qui entourent la belle brune ont tendance à l’appeler BB (bébé), du fait qu’elle possède en première lettre deux fois le B. Elle aime bien ce surnom, elle le trouve digne d’une héroïne de film. Une héroïne de livre. Un surnom qu’elle a totalement adopté. • Briana lit, écrit. Même si elle a perdu l’essentiel de ce qu’elle possédait pendant l’exode et surtout pendant la fuite à la Nuit Rouge, elle a toujours un exemplaire avec elle de Shakespeare, totalement passionnée par les mots de l’auteur antique, elle se rêve d’être une Juliette, d’aimer l’impossible, d’aimer l’ennemi. Elle ne se lasse jamais de relire ses mots. Une véritable thérapie, un réconfort, quand tout va mal, elle ouvre son vieil exemplaire et elle le lit, le relit, il est tâché, abîmé… corné même. Lors de la Red Night, elle est retournée à son logement juste parce qu’elle l’avait oublié. Il lui apporte la croyance, que les mots ont de l’importance, qu’ils ont un impact. Même si l’histoire d’amour de Roméo et Juliette est on ne peut plus tragique. • Briana est professeur des écoles, elle adore les enfants, elle veut leur redonner espoir, elle veut les faire sourire, les voir heureux. Elle aimerait être maman un jour, si la paix pouvait régner, sinon elle ne veut pas voir ses enfants grandir dans la violence. Si elle se bat, c’est aussi pour cela, pour la prochaine génération, pour la tolérance, l’ouverture d’esprit et le pardon • Briana est croyance, elle croit en un dieu, lequel ? Elle ne sait pas, mais il est là, elle pense qu’il y a une force supérieure qui régit ce monde, elle pense que c’est autant un dieu pour les humains que pour les androïdes. Si nous sommes là c’est ce dieu qui l’a choisi, si nous existons c’est bien par sa volonté. Les humains ont créé les androïdes, c’était pour une raison, pour une évolution. Pas pour la guerre. Elle est persuadée qu’il y a un message là-dessous, qu’on devrait en tirer des leçons, les humains ont tué leur planète… les androïdes n’ont peut-être pas tort lorsqu’ils pensent qu’ils ne sont plus dignes. Elle aimerait que les mentalités changent, que tout le monde puisse ouvrir son esprit, puisse comprendre de ses erreurs parce que personne n’est innocent dans cette histoire. Elle veut être le drapeau blanc, être la voix d’une minorité, d’une révolution qui n’est pas là pour verser du sang. Elle espère encore que ses mots pourraient changer le monde, elle espère changer le monde, le refaire • Elle a créé un petit groupe de personnes qui possèdent les mêmes idéologies qu’elle. Ils se réunissent à l’extérieur du camp, pour ne pas se faire prendre à partie par les extrémistes de la Main, ils se font souvent passer pour des ramasseurs de bois pour faire perpétuer les feux de la ville en ruine. • Briana est bien plus rude que ce qu’on pourrait penser. Elle a appris l’art du combat, nécessaire quand on vit en état d’urgence. Elle sait se battre mais ferait-elle le poids face à une armoire à glace ? Telle est la question, je crois qu’elle n’a pas vraiment envie de le savoir. Disons que les arts martiaux ont forgé son caractère. • D’ailleurs, niveau caractère, la belle, elle est plutôt : Bornée, Caractérielle, Courageuse, Curieuse, Protecteur, Féroce, Idéaliste, Passionnée, Épicurienne, Optimiste, Forte, Souriante, Têtue, Spontanée, Honnête, Juste, Naturelle, Dynamique, Jalouse, Attentionnée, Généreuse, Rêveuse, Guerrière, Drôle, Sarcastique, Légèrement Hautaine, Fière, Arrogante, Joueuse, Fidèle, Sensible, Révoltée, Effrontée.