Comme tous les jours, il avait passé sa journée à travailler. Il avait commencé par ranger les rayons, à mettre les nouveaux arrivages en avant, à essayer de rendre la boutique présentable, intéressante. Puis, il avait passé un petit coup de nettoyage, en attendant que les premiers clients arrivent.
Au fil de la journée, il en avait recommandé quelques-uns, il avait discuté avec certains, vendus quelques objets, fais les comptes, bref, une journée comme une autre.
Les heures étaient passées, certaines monotones, certaines intéressantes, certaines parfois ennuyantes. Toujours est-il qu’il avait passé, dans l’ensemble, une bonne journée. Les ventes n’étaient pas en hausse, il est vrai, mais aucune baisse n’était à déplorer. L’essentiel selon lui. Il ne s’attendait pas à obtenir quelque chose de miraculeux, il voulait simplement pouvoir entreprendre une activité normale et faire développer sa petite échoppe. Enfin, celle où il travaillait, bien sûr. Oh, c’est sûr, ça serait chouette d’avoir la sienne et de s’en occuper, mais Lawon n’était pas du genre à courir après l’argent et la reconnaissance. Son petit train-train quotidien lui plaisait suffisamment, sans qu’il ne souhaite réellement se poser la question. Certains avaient peur de la routine, lui la préférait. Au moins, il savait où il allait, ce qu’il faisait et comment il le faisait. Aucune surprise. Aucune inquiétude. Juste des faits. Bref. Quelque chose d’extrêmement rassurant, qui lui plaisait énormément. Avait-il besoin de quelque chose d’autre ? Non. En tout cas pas pour l’instant.

C’est sans doute pour ça, alors que la journée touchait à sa fin, qu’il sifflotait dans ses rayons. Personne à droite, personne à gauche, personne à conseiller, il se trouvait donc en parfaite liberté. Parfaite autonomie, pour faire ce qui lui plaisait. Et, à l’instant, il souhaitait siffloter et profiter. La nuit n’était pas encore tombée et, la fermeture ne serait pas là avant quelques heures. Au moins, mais ce n’était pas pour autant que Lawon ne profitait pas de ce petit répit. Tout répit était bon à prendre, surtout quand il était aussi agréable que celui-ci. C’était un plaisir sur lequel il ne voulait pas cracher. Jamais. Bien au contraire. Enfin, ça, s’était jusqu’à ce que la porte d’entrée ne s’ouvre dans un grand fracas. A peine eut-il le temps de sortir des rayson, qu’un corps tomba sur le sol. « Madame ? » Questionna-t-il ? Sans réponse, ses jambes s’activèrent et le lancèrent rapidement à la rencontre du corps tombé sur le sol. Est-ce que ses yeux virent la LED rouge sur sa tempe, quand il la retourna ? Est-ce que ses yeux prirent conscience de ce qu’il faisait ? Est-ce qu’il comprenait simplement ce qu’il en retournait ? Etait-ce la faute de Amren, qu’il connaissait et dont il n’arrivait pas à oublier le visage ? Ou est-ce que son esprit, rationnel, avait fait primer le plus urgent sur tout le reste, taisant doutes et inquiétudes ?
Toujours est-il que, rapidement, il prit le relai. Vérifiant que l’androïde n’était pas en train de complètement mourir sur place, il ferma pour un instant la boutique – suffisait de changer l’étiquette de côté sur la porte d’entrée – et tira le corps jusqu’à l’arrière boutique. Un peu d’intimité ne serait pas de refus. Une fois dans l’arrière-boutique, il se questionna : serait-elle ravie de se retrouver seule, derrière une boutique, avec un homme inconnu ? N’avait-il pas fait une bêtise qui pourrait lui coûter cher ? Avant même qu’il ne puisse se rendre compte de l’absurdité de sa pensée, il préféra, très vite, se concentrer. Que pouvait-il faire ? Sans même réfléchir, il prit dans la salle de pause de la boutique, de quoi se rationner, de quoi aider. Peut être que ça allait marcher, peut être pas, alors il aida. Il fit ce qu’il savait, sans être pour autant un ingénieur ou un technicien. Il tenta.
Est-ce que ça fonctionna ? Est-ce que ce n’était qu’un coup de chance ? Toujours est-il qu’il crut percevoir un mouvement. « Madame ? Est-ce que ça va ? » Demanda-t-il. S’éloignant alors avec prudence, pour ne pas se prendre une claque de surprise. Surtout, ne pas être trop près.