My past has tasted bitter for years now, so I wield an iron fist. Grace is just weakness or so I've been told. I've been cold, I've been merciless. But the blood on my hands scares me to death. Maybe I'm waking up today

Le vent s’était levé, emportant dans son sillage l’ersatz de quiétude qui semblait toujours recouvrir le monde de son manteau de glace. Les pans de sa cape serrés contre lui, l’homme tentait inutilement de protéger son faciès face aux intempéries quand bien même le vent parvenait toujours à mordre le derme à sa portée. L’ascension était harassante, grimpée vers les étoiles que les membres de la Main accomplissaient avec une religiosité docile. Elijah avait déjà tant donné pour la cause que ce pèlerinage routinier apparaissait comme une évidence à l’apôtre ne trouvant raison d’être qu’au travers de ses souffrances. Les membres endoloris par le froid, il aperçut la cavité menant à l’église de la Main. Bâtisse ayant souffert les intempéries, à l’instar de la foi de ses membres, le bâtiment avait souffert les éléments sans jamais cesser de s’ériger en fanal pour toutes âmes perdues au gré des ténèbres.
Il était une aura de sainteté qui régnait sur les lieux, la montagne semblait s’être lovée autour de l’édifice alors que seuls le silence et le chant des alizés répondaient aux psaumes entonnés en ses lieux. Une main posée sur les marbrures brisées de la porte, c’était en un grincement à éveiller les morts que le Kovacs pénétrait en la demeure de la secte. Le silence était assourdissant, le vide en ces lieux une vision d’effroi que l’homme n’avait jamais eu à contempler jusque là. Il était une sainteté en cette demeure où le sacre de l’éternelle s’élevait plus haut vers le ciel que quelconque des constructions s’étant érigée entre les doigts des créatures du démon. Il était une sainteté si tangible que le brun peinait à faire plus d’un pas sans redouter la venue de ses démons. Posant ses yeux sur les sièges vides, l’infime estrade de l’autre côté de la pièce, il déposa finalement ses prunelles sur l’autre être humain en ses lieux. La jeune femme portait le sacre de sa naissance avec plus de vertu qu’elle ne l’aurait fait une couronne. Malgré lui, l’enfant de la misère, triste descendant de ces mines ouvrières à laquelle il s’était arraché sans pour autant jamais les arracher à sa chair, méprisait cette vision de grâce pour tout ce qu’elle représentait. La vie en la Ruche n’avait pas toujours été douce pour l’Intouchable, pourtant il en gardait des souvenirs à l’amertume à jamais tarie par la beauté de l’adversité.
S’installant à côté de Diana, il lui offrit un sourire usé alors qu’il se défaisait des couches superflues recouvrant son échine. “C’est fou à dire, mais parfois la tiédeur de la Ruche me manque.” Avec ses néons décolorés, ses arrêtes trop immaculées jusqu’à la taule usée lui servant de firmament. Un sourire pudique étira les lippes de l’homme alors qu’il posait ses prunelles sur ses mains marquées par le labeur avec une candeur défaite de toute explication. Elijah avait toujours eu la carne trop tendre, son derme une plaie ouverte que le monde n’avait de cesse d’élargir afin de contempler les abîmes béants de son être. Depuis tout gamin il avait contemplé la société à distance, incapable de savoir où se trouvait sa place dans cette marée humaine que rien ne semblait pouvoir arrêter. Enfonçant son pouce dans la paume de son autre main, il jouait nerveusement avec ses paluches pour ne pas avoir à affronter la lourdeur de l’instant. Les tendons de sa mâchoire se tendirent alors qu’il cherchait le courage d’entonner des excuses qu’il portait comme un suaire. “Je suis désolé, tu sais pour... pour avoir été imbuvable sans raison.” Portant une main à sa nuque, il gratta la base de sa crinière avant de lever ses yeux au plafond. En un raclement de gorge emplissant la pièce avec de façon pesante, il rajouta : “Enfin, j’avais des raisons. Mes raisons.” Avec une lenteur lancinante, il posa ses prunelles sur la gamine, laissant la liberté à ses incisives de lacérer la carne tendre de ses lippes déjà violentée par le vent. “Les gens comme moi n’ont pas pour habitude de traîner avec les gens comme toi. On vient du même endroit, mais pas vraiment du même monde.” Et ça, le Kovacs n’avait jamais pu l’oublier, pas même quand l’humanité s’était arrachée aux entrailles de la Terre faisant face à une naissance nouvelle. Peu importait ce qu’il disait, ce qu’il se passait, le brun portait à même le palpitant cette même rage qui l’avait consumé tant d’années durant. Cette même attraction pour l’éclat de ces inconnus qu’il avait toujours fantasmé en sa haine.

YOU’RE ANGRY, SOMETIMES ANGER MAKES PEOPLE DO UNFORTUNATE THINGS. ft. @elijah kovacs

Les murs de l'église de la Main avait beau l'entourer, il ne la protégeait pas du froid. C'est sans peine que le vent glacé s'engouffrée à l'intérieur de la pièce où elle s'était tranquillement assise pour lire un livre. Emmitouflée dans un manteau bien chaud reflétant parfaitement le milieu royal duquel elle était issue, elle grelottait. Ses iris bleutées bougeaient de droite à gauche, suivant les lignes du livre sans vraiment les lire. Elle était préoccupée, Diana. Préoccupée par un tas de choses, mais ce qui la tourmentait le plus, c'était de mentir à ses proches. Certes, elle s'était éloignée d'eux depuis son adhésion à la Main, mais la gamine réservée qu'elle était n'avait pas supporté la perte de ces êtres chers. Mis à part les quelques membres de la main qu'elle connaissait, elle se sentait seule. Terriblement seule. Naïvement, elle pensait que se plonger dans un bon bouquin l'aiderait à oublier cette infernale solitude, mais ses pensées obscures prenaient rapidement le pas sur ses lectures. Peut-être devait-elle accuser les lectures de ne pas être assez passionnantes, mais elle ne ferait que se voiler la face. La gamine était seule, trop seule. La noirceur et les ténèbres qui tentaient d'effacer toutes parts de bonté en elle n'en était que ravie, prenant de plus en plus de place dans son coeur autrefois si pur. Des bruits de pas viennent faire vibrer ses tympans, elle sursaute, habitué à être emmuré dans un silence pesant. Elle lève les yeux et croisent les yeux d'une personne qu'elle ne connait que trop bien. Elijah. Son souffle se coupe lorsqu'elle comprend qu'il vient vers elle et qu'il prend place à ses côtés, sans prendre la peine de lui demander la permission. Il lui offre un maigre sourire. Tout ce qu'elle a à lui offrir, c'est son air méfiant. Ils n'avaient jamais été proche, d'aussi loin qu'elle s'en souvienne. Elijah l'avait toujours détesté et ne s'était jamais privé pour lui montrer à quel point il la haïssait, elle et toute sa famille. Garçon qui n'était pas né avec une cuillère en or dans la bouche, il avait l'air de détester tous les membres de l'élite ou tout ceux qui étaient fortunés. C'était avec plaisir que Diana se pavanait d'autant plus avec ses bijoux ou la moindre chose pouvant exhiber sa fortune, rien que pour l'énerver. Néanmoins, le manteau dont elle s'était vêtue aujourd'hui n'avait pas ce but. Elle n'avait même pas prévu de le croiser, puisqu'ils ne s'adressaient presque plus la parole. C'était peut être même l'une des rares fois où elle le croisait au quartier général de la Main. Les fois précédentes, elle s'était contentée de lui offrir un regard noir et de continuer son chemin. Il ôte son manteau, pourtant il semble mourir de froid, tandis qu'elle ferme son livre et fixe la couverture de ce dernier.. « C’est fou à dire, mais parfois la tiédeur de la Ruche me manque. » Un rire jaune s'échappe des lippes de la gamine, sans qu'elle ne daigne lui adresser un regard. Cette situation est étrange. Trop étrange. Elle a beau retourner le problème dans tous les sens, elle ne comprend pas les raisons qui le pousse à venir lui parler. Alors elle se tait, la gamine. Ses iris quittent son livre pour regarder les mains abimées de son camarade. Il joue nerveusement avec ses doigts, son pouce s'enfonçant dans son autre paume.   « Je suis désolé, tu sais pour... pour avoir été imbuvable sans raison. » Sous la surprise, elle tourne la tête vers lui. Alors ça, elle ne s'y attendait pas. Le pire, c'est qu'il a l'air sincère. Il a même l'air gêné, il passe sa main derrière sa nuque et se mordille la lèvre. Bon sang, qu'est-ce qu'il se passe. Pourquoi se revirement soudain ?  « Enfin, j’avais des raisons. Mes raisons. » L'envie de lui demander quelles étaient ses raisons la démange, mais il la coupe en répondant à sa question muette.  « Les gens comme moi n’ont pas pour habitude de traîner avec les gens comme toi. On vient du même endroit, mais pas vraiment du même monde.. » Les raisons étaient plus qu'évidentes, finalement. Il avait raison, ils ne venaient pas du même monde, mais était-ce une raison pour la blâmer ainsi toutes ces années? Les sourcils de la princesse se fronce, laissant exprimer la méfiance qui menace de l'envahir. Elle voudrait le croire. La gamine naïve cherchant désespérément de l'affection voudrait lui dire que ce n'est pas grave et qu'elle lui pardonne. Malheureusement, la gamine naïve s'est endurcie.  « Hmhm. » Ce petit grognement semblable à un ronchonnement s'échappe de ses lippes. « Tu as été imbuvable, c'est clair. » Ses yeux ancrés dans les siens, elle manque à plusieurs reprises de s'y perdre.  « Pourquoi ce revirement soudain? » La question semble évidente, elle auss, mais la réponse ne l'est pas. Pas pour Diana, du moins. Elle doute fort que ça ne soit à cause de simples remords qu'il revient aujourd'hui.  « Rien n'a changé, Elijah. Je n'appartiendrais jamais à ton monde, alors pourquoi venir t'excuser hein ? » Son palpitant s'emballe, la princesse redevient une gamine colérique.  « Tu m'as jugé sans prendre la peine de me connaitre. Ce n'est pas parce-que j'étais la fille d'une famille dirigeante de la Ruche que j'étais un monstre. » Elle n'était peut être pas un monstre, mais elle était terriblement snobe. Attachée à son statut avant de découvrir les androïdes, elle prenait un malin plaisir à rappeler aux autres les richesses qu'ils ne possédaient pas.  « J'étais une gamine capricieuse, je te l'accorde. Et je le suis toujours, même si certains aspects de ma personnalité ont changé depuis que j'ai vu ses... » Les mots restent coincés dans sa gorge. « Ses affreuses machines. » Ses androïdes. Sans qu'elle n'ait le temps de s'en apercevoir, sa voix tremble. Elle a terriblement peur de ses foutues machines. Peur qu'Elijah semble partager, puisqu'il appartient à la main. C'était eux les montres contre lesquels ils devaient se battre, et c'est contre toute attentes que la princesse les combattraient aux côtés d'un homme qu'elle avait toujours méprisé.

My past has tasted bitter for years now, so I wield an iron fist. Grace is just weakness or so I've been told. I've been cold, I've been merciless. But the blood on my hands scares me to death. Maybe I'm waking up today

La solitude pour égide, le poids de son manteau de glace lui clouant l’échine, Elijah était habitué à porter l’anonymat comme fanion de son être. Abandonné au silence rongeant les individus de sa caste, l’homme n’était qu’une ombre souffrant de s’user les phalanges à même son élégiaque docilité. Le brun était un clébard, incapable de rompre le vibrato originaire de l’auditoire de son buste quand il n’était que bruit, grondement infini l’empêchant de courber l’échine, souffrir douceur. Le Kovacs avait fait de la haine sa maison, un foyer où tous les murs penchaient sur la droite, triste bicoque vouée à s’effondrer à tout instant. Cependant, il aimait détester les limites de son être, maudire ses paluches marquées par le labeur, les sillons abandonnés à sa carne par le trajet d’étoiles filantes. Il aimait à maudire cette vulnérabilité, cette différence grossière ayant fait de lui un échoué oublié à l’amertume des siens. C’était pourquoi la Main était une évidence dangereuse, l’écho de ses ravages une bénédiction que trop d’impies contemplaient l’envie plein les prunelles. Clébard prêt à mordre toute main, il s’était rompu l’échine sous les doigts de sa cause, apprenant sous l’injonction de ses parents à baiser les bagues de promesses que portaient les différents maillons du culte. Elijah était aveugle, aliéné volontaire prêt à s’abandonner à quiconque lui aurait offert une raison d’exister. Bien des années après l’holocauste de sa jeunesse, c’était toujours avec une ferveur à l’éclat rouillé qu’il écoutait les yeux fermés.
Ses manières d’enfant faisaient perdre à l’homme quelques années, imbibant ses traits d’une jouvence qu’il n’avait jamais véritablement connue. Mutique statue marmoréenne, le Kovacs souffrait d’ainsi afficher de façon impudique le fond de sa pensée. Le fond de ces torrents endiablés qui portaient ses songes sans jamais qu’il ne puisse en verbaliser l’ichor. Incertain, craignant les rebuffades de la jeune Windsor, le brun ne savait à quoi s’attendre. Avec le soin absent d’un illuminé s’exhortant à dévoiler l’envers de son être, c’était à demi-mot qu’Eli se découvrait. La pudeur plein les traits, une juvénilité sacrifiée lui dégoulinant les prunelles, l’homme ne savait par où commencer pour éteindre les feux de forêts s’étant étendus entre eux. Il observait la jeune femme de l’autre côté d’un abysse sans fond, incapable de savoir ce qui encore les liait aujourd’hui pour espérer ériger le mausolée de leurs rages passées. Les mots de Diana arrachèrent un éclat de rire subit aux lèvres de son aîné, ce dernier se mordilla la lèvre inférieure alors qu’il cherchait à garder un semblant de gravité vis-à-vis de l’instant. Hochant lentement la tête, il n’avait pas véritablement de réponses à offrir à la jeune femme. Il n’avait que des raisons personnelles, tristes étincelles boutant feu à tous combustibles. Le brun devait admettre que celles-ci n’étaient pas forcément valables, mais il était un homme blessé, enfant blessé de n’avoir jamais pu exister qu’à l’envers de ces grandeurs ruinées par l’avarice de ces familles sans nations. Le gamin avait vu le jour sous les rayons fatigués de ces promesses qu’aucun parent de sa caste n’aurait pu tenir. Sa vie, un ensemble désuni d’instants surannés, des douceurs insondables aux peines sans lumières. L’adolescent avait vécu à l’ombre de l’histoire, rampant dans la fange quand ceux d’en haut festoyaient sur ses rêves d’enfants. La douce ne pouvait comprendre. L’homme n’était pas sur que jamais elle ne comprendrait.
Pourtant, ils partageaient des souffrances, cette fièvre et cette crainte de la différence les ayant unis sous le même drapeau. La jeune femme était fébrile, la terreur tachant sa voix de cette ébène dont ils ne pouvaient se libérer. Serrant ses mains en geste sacré invoquant sa foi, il leva les yeux au ciel songeant à ceux qu’il avait perdus, rejoignant un éternel en lequel il doutait parfois. Un sourire émacié lui déliant les lippes, l’homme haussa les épaules avant de parler avec lenteur, chaque mot plus réfléchi que le précédent. “Avant d’entrer dans la Main, tu n’aurais jamais remarqué un gars comme moi, je me trompe?” Une lueur de malice éclairait les prunelles de l’Intouchable, ce rejet de la société qui en temps normal n’aurait jamais véritablement espéré s’adresser à des individus de la caste de la Windsor. Cependant, l’homme s’amusait de la situation, cette lenteur avec laquelle l’univers semblait se détricoter jusqu’à en perdre l’absolu de cette logique l’ayant pourtant toujours maintenu. La vie du Kovacs était faite d’imparfaits, de l’improbable et de ces relations contre nature qu’il avait nouées à tout va. Des relations que ses parents avaient jugées avec amertume, jugeraient avec horreur s’ils étaient encore là. “Le monde à changé, même si c’est parfois dur à admettre. Doucement, l’élite semble s’émietter alors que certains de ses membres admettent la suprématie de la Main.” S’humectant les lèvres, se perdant un instant dans la contemplation de la jeune femme, cette jouvence séant ses traits protégés des affres de la vie, il hocha doucereusement la tête. Conscient que, quand bien même il tendait un drapeau blanc à cet instant, il ne pourrait jamais pleinement se défaire de cette rancœur qui lui avait rongé l’envers de l’encéphale. “Pour chaque individu comme toi, il y en a dix, vingt, trente comme moi. Non, il n’a jamais été en ton pouvoir d’adoucir les maux de ceux n’ayant pas connu un dixième de ta chance. Tout comme, il ne m’a jamais été possible d’admettre ces injustices.” La voix de l’homme était douloureusement calme, celle-ci portant une ferveur rimant avec l’ampleur de ce lieu. Le Kovacs savait qu’il n’y eut été de meilleur endroit pour absoudre ses péchés qu’en ceux-ci et, en un sens, cela semblait confirmer tout ce en quoi il croyait. “J’essaye juste d’être meilleur aujourd’hui que je ne l’ai été hier. Être humain en tout ce que ça implique, même admettre mes torts. On a tous changé en découvrant ces créatures, il n’y a que des fous pour les considérer ces choses autrement que comme des abominations.”