Les pensées mécanique Carcasse grinçante au cœur des étendues glaciales, une contrée à mi chemin entre la civilisation et la sauvagerie que tu ne connais que trop bien. Petite parcelle de territoire depuis longtemps exploré, vaguement, brièvement, car les prédateurs rôdent, machines de guerre défaillante prête à bondir à chaque instant. Mécanique funeste devenue la définition de ce monde à l’agonie, au-delà des immenses murs qui s’élèvent dans ton dos, cette terre n’est même plus l’ombre de ce qu’elle était, plus à l’image d’un monde perdu depuis des millions d’années que de ce qu’il a été il y a un demi-millénaire. Apocalypse, c’est sans doute ainsi que les humains ont qualifié cette fin, sans doute vue comme inévitable, funeste naïveté qui semble les avoir scellé dans l’inaction. Les pensées dérivent, c’était donc cela d’
être humain ? Murmures parasites qui résonnent encore et encore dans ton système, t’accordant ces quelques moments d’errance dont tu ne te lasses jamais. Le passé t’envoûtent par ses échos lointains, vague, les restes d’une civilisation passé qui se mêlent à ce blanc éternel, la curiosité guident tes pas à travers quelques décombres, ce qui ressemble à une vieille station essence dévoré par le temps et le froid. A peine perceptible, quelques décombres de bétons qui s’évanouissent sous la poudreuse, des traces qui te laissent pensif, presque
rêveur face à cette civilisation antique dont le fonctionnement reste une énigme, malgré cette déviance qui a depuis longtemps rompu frontière entre homme et machine.
Puis ces mêmes pensées se tournent vers un avenir qui aurait être. Délicate uchronie qui ne suffit pourtant pas à combler cette curiosité presque infantile, innocente qui s’empare de toi. Ce qui aurait put se passer, comment l’homme aurait vécu s’il avait prit une autre route, votre existence, ton existence s’ils n’avaient jamais mené ce monde à sa perte, si leurs cœurs n’étaient pas aussi chaotique, si d’autres hommes, d’autres femmes, d’autres génies étaient nés, avaient grandi. Calcul de probabilités qui mènent toujours à un moment où à un autre à cette même fin, prolongeant incessamment l’agonie de leur monde. Triste constat, mais était-il réellement si proche de la réalité ? L’humain n’était pas profondément mauvais après tout, chaotique, capable du pire comme du meilleur, finalement, est-ce que même vous, androïde étiez capable de calculer la variable humaine ? Tu en doutais. Toujours aussi vagabonde, les pensées devenaient peu à peu stérile de tout sens, abstraite à se perdre dans les méandres du temps. Parfois égoïste, quelques fantasmes s’immiscent délicatement, d’autres fois plus vaste, presque existentiel, le fonctionnement de cet esprit nouveau, ce vaste programme t’échappe encore aujourd’hui, malgré les décennies, c’est avec difficulté que tu discernes encore chacun de tes désirs et les faits, ces variables figés.
Quelques mètres plus loin, le rythme de tes pensées se brisent, un son loin d’être des plus familier stimule tes capteurs auditif. Tu te figes un instant, se tournant vers la source de ce bref éclat, suffisant pour attirer ton regard, les données récoltés sont vagues, mais une information retient ton attention,
origine organique possible, curiosité brûlante, il ne t’en faut pas plus. Tes pas te guident derrière ces maigres décombre, source potentiel de ce bref signal, ce son qui a attiré toute ton attention. La prudence reste de mise, qu’importe que tu sois déviant, l’homme ne fait aucune différence chez la machine, tu avais entendu dire que vous étiez des tas de ferrailles à abattre. Parole blessante qui n’a pourtant pas effleurer ton intérêt pour cette race qui est à l’origine de cette mécanique de précision que vous êtes, de ce programme énigmatique qui vous habite. Une silhouette se dessine quelques mètres plus loin, humanoïde, rien de mécanique à la première analyse, ce n’était pas une machine de guerre. Humaine fragile, une question se résonne, une seule et unique question te brûle les lèvres.
« Que faîtes vous ici ?... » Murmure à peine audible, elle t’échappe, ces quelques mots, cette interrogation vague. Au final, l’homme n’avait plus sa place sur cette terre, depuis longtemps déjà, mais il persiste encore, aventureux, imprudent, il se met sans cesse en danger et continue, encore aujourd’hui, d’exister. L’humain reste la plus grande énigme de ce monde.