Elijah Kovacs LA MAIN | MEMBRE DE LA SECTE
| you can't escape forever, mistaking smoke for heaven's light (genya), Mar 4 Déc - 12:57 | |
| I felt a break in a sacred place where your hands don't heal. These are the reasons you're ruled by the things you feel. I felt you escape into empty space where my heart can't feel. Down in that darkness, you met all the things you feared. I can hear you from behind the door, I can feel you from a mile away. As you're growing out of my control, will you watch me as I fade away?
La nuit était tombée sans un bruit, pas même le grésillement des néons fatigués sur le point de s’éteindre. Le firmament se contentait de perdre de ses couleurs, se défaisant du mordoré pendu à son sein. L’ébène de son suaire recouvrait ensuite l’éther quand des nuages bas ne s’amusaient pas à couvrir ce spectacle à l’infinie beauté. L’échine recouverte de ces fourrures lui épargnant la morsure glacée de cet hiver sempiternel, Elijah portait à ses lippes son couteau au bout duquel reposait un morceau de viande séchée. Il était des quiétudes plus douces que d’autres, des silences portant des lourdeurs sur lesquelles il ne pouvait poser le doigt. Sous la Voie lactée, le ciel offrait la cartographie des rêves de l’humanité, Eli rêvait parfois de toucher du bout de ses doigts l’éther et sa substance immatérielle quitte à s’en brûler les ailes. Le camp humain perdait de sa ferveur une fois la nuit tombée. Là où le désordre régnait avec une main de maître, l’absolu s’étalait sur les bicoques difficilement érigées alors que les ruelles de fortunes se vidaient. Le froid s’abattait sur le cantonnement alors que sans les rayons du soleil, les ténèbres s’invitaient en toutes prunelles. Indolent fils de l’infini, le brun aimait ces instants de clarté aveugle où ne s’attardaient auprès des braises encore chaudes que les inconscients. Ceux qui, s’offrant à la violence d’un monde les ayant enfanté avant de les rejeter vers leur sépulcre, n’avait rien perdu de cet émerveillement qu’il ressentait face au spectacle de l’univers. La journée avait été rude pour le Kovacs, ce dernier souffrait de longues heures de marches, son visage grimé par l’effort et la saleté s’agrippant à son derme. Néanmoins, la fatigue plein les yeux, il vénérait trop le spectacle révérencieux des étoiles que pour s’arracher à sa contemplation. Elijah reconnaissait les voix, les visages aussi. Ces individus qu’il avait l’habitude de côtoyer au sein de la Main, mais en dehors aussi. Autour d’une maigre flamme, à peine de quoi réchauffer le bout de leurs doigts ankylosés, les hommes et femmes conversaient avec calme de leurs plans sur la comète. Ces rêves de gamin qu’ils osaient à peine verbaliser alors qu’ils parlaient d’un monde rendu à l’homme. Un sourire amer lui étirant les lippes, il découvrit la Starkov installée de l’autre côté du feu, présidant silencieusement ce ballet d’orgueil et de propos insensés. Contournant les flammes, il se laissa choir mollement à côté de celle qui était sans doute sa plus vieille connaissance. Genya était une évidence dans la vie du brun, un élément indissociable de ses souvenirs d’aussi loin qu’il pouvait s’en rappeler. Similaire à une aînée autant vénérée que jalousée, le brun ne pourrait jamais oublier le mélange de révérence et d’admiration que ses parents éprouvaient pour la jeune femme. Se coupant une nouvelle lamelle de viande séchée, l’homme mâcha un instant l’aliment, contemplant les flammes, avant d’enfin parler : “Je ne t’aurais pas imaginé du genre à passer tes soirées à refaire le monde autour du feu.” La belle, à ses yeux, n’existait que dans l’action. Entrelacs de chair ordonnée dont les buts animaient sans mal la carne. Elle était une tempête prête à s’abattre sur quoi que ce soit croisant malheureusement son chemin. Le gamin l’avait appris à ses dépens plus d’une fois, forcé de porter le poids de son incompétence des semaines durant à même la carne. Plantant ses prunelles dans celles de la jeune femme, il y observait le reflet des flammes, ce feu qui brûlait toujours dans l’être de la Starkov, alimentant des idéaux surannés qu’elle portait avec grâce quand bien même ils finiraient par la briser. Dévoilant les crocs en un sourire légèrement maladroit, il contemplait le Pouce de la Main, un mélange de crainte et d’admiration pour celle qu’il avait connue quand elle n’était encore que la fille de quelqu’un. “Pas que ça me dérange, ça fait longtemps qu’on a pas eu le temps de même s’asseoir un instant ensemble.” Maintenant que les menaces n’étaient plus hypothétiques, que l’avènement de leur congrégation était si potent. Leurs échanges n’en paraissaient que plus lourds, dénués de cette familiarité disparue au gré des années délavées par leur foi.
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