Elle l'avait senti au plus profond de ses circuits, le vrombissement furieux de sentiments incontrôlés. Et la panique rongeait la machine alors que la lueur azure s’effaçait pour l'abomination rouge, trahissant la déviance qui pourrissait son précieux programme. Les poings se crispent furieusement, ses ongles laissant des croissants de lune bleutés contre sa peau synthétique. Les orbes inhumaines glissent sur les lieux, perdues et incertaines, sans emmagasiner la moindre donnée. La rage grondait, brûlait ses entrailles glacée sans qu'elle ne parvienne à en comprendre la provenance, il n'y avait qu'une marée nauséabonde de cette colère dévastatrice. Le squelette de la machine se crispait alors qu'elle expulsait cet air fictif qui nourrissait son illusion d'humanité... Une humanité dont elle se rapprochait chaque jour un peu plus alors que le virus imprégnait la moindre de ses connexions. Le malaise la dévorait toute entière, consumée de l'intérieur, l'indomptable se terrait dans les ombres, incapables d'assumer sa nouvelle condition qui la condamnait à renier tout ce qui faisait d'elle tout ce qu'elle était. La maniaque du contrôle n'en avait plus aucun, elle glissait maladroitement dans les couloirs désorganisés de son existence maudite.

Bruissement lointain. L'écho d'une présence se fait entendre dans les méandres putrides de la ville. Les capteurs visuels s'agitent trahissant la machine sous l'apparence de l'humaine, ils passent au crible la zone pour s'accrocher à la silhouette lointaine. Une impulsion de son pied contre le mur, elle s'écarte, endommagée, la lutte est invisible et pourtant bien réelle. Elle s'avance vers la créature de chaire, dévorée par des sentiments qu'elle ne connaît pas, elle laisse un sourire carnassier fendre ses lèvres mécaniques. L'ordinateur s'emballe, guidée par un programme pirate qui bousille toutes ses programmations. Elle s'anime, dépourvue de ce merveilleux contrôle qui caractérisait l'analyse d'antan, la main vient se saisir de son épaule, le percuter pour l'envoyer valser contre le mur le plus proche, elle force contre le squelette fragile de l'homme, l'empêchant d'exécuter le moindre mouvement de fuite. Tu es exactement le genre de créature dont j'ai besoin. Le circuit vibre, la violence se propage, désireuse de  le bousiller jusqu'à faire perler le carmin de sa carne humaine.  La mâchoire se crispe, elle le repousse presque trop brutalement, laissant ses mains venir se crisper contre son crane, là où son programme s'emballe et surchauffe, dévoré de l'intérieur par la déviance. Alors le génie, Baz, c'est ça? Mh. tu crois que tu serais capable de me réparer ça? Les doigts de l'inhumaine saisissent les mèches brunes pour les soulever et ainsi afficher le disque écarlate qui scintille contre sa tempe. Elle laisse ses orbes de verre glisser jusqu'à lui, décryptant avec aisance la curiosité s'emparé des traits de l'animal social, mais elle y trouve quelques choses de bien plus intéressant, une lueur familière, comme si ses traits artificiels éveillait des souvenirs profondément enfouis... Un soupçon d'attachement que la créature robotique pourrait utiliser à ses fins.


Zelda pousse la carcasse androïde au pied de l'humain. Le regard déconnecté et éteint s'échappe au loin. Elle vend une partie d'elle même, livrant l'un de siens en pâture pour échapper au fléau qu'elle subit. Elle ne peut supporter de devenir l'une de ces parias que l'on envoie vivre au loin, bien trop attachée à sa vie parfaitement programmée. Essaye de pas le bousiller celui-là. ça commence à devenir urgent. Elle le sent, que la situation lui échappe, elle le sent ses émotions dévastatrices qui dégoulinent de son être malgré l'impassibilité qu'elle porte en masque de fortune. Tout en elle pourrait la trahir et ce, malgré la rage qu'elle réserve à son humain de compagnie, une vulgaire enveloppe charnel qu'elle dont elle se surprend à chercher la compagnie, une bête qu'elle abîme à coup de poings, essayant d'échapper à la culpabilité cruellement humaine qui l'habite. Elijah. Un mot ancré en elle. Un mot de passe qui déglingue ses circuits déjà bousillés. Elle ne se contrôle pas, la ténébreuse, elle se perd, son précieux statut ne tenant plus que sur un château de carte branlant.  Le prénom du furieux résonne comme un murmure, une nouvelle programmation sur lequel elle n'a aucune emprise. Hey. La voix de l'humain en appelle à sa conscience, elle est crispée, la moindre partie de son squelette métallique subit les affres de ses sentiments. Elle tente de calmer le torrent qui bouillonne étrangement en elle, de s'accrocher à la réalité, la perspective de retrouver un semblant de normalité. Bon, peu importe, vas-y, on tente le tout pour le tout. A peine les mots franchissent ses lèvres de l'impatiente que l'épiderme artificiel s’efface pour laisser place à sa carcasse d'androïde. Imperturbable, inébranlable... Y a t-il seulement encore quelqu'un pour y croire? Elle se met à nu, le laisse trifouiller dans ses circuits pour dissimuler cette vulgaire ampoule écarlate et lui rendre sa splendeur d'azur.