La haine à l’encontre de l’autre race est ce qui caractérise fortement ton personnage mais comment est-elle née ? Comment se manifeste-t-elle désormais ? Et surtout, jusqu’où est-il prêt à aller dans ses idéaux ?

Les cris, la douleur et ces mares bleutées brouillant le goudron impeccable de sa ville. Sa demeure. Son foyer. L'univers qu'elle avait toujours connu. Toujours aimé. Et désormais menacé de ruines par de vulgaires étrangers. Des Autres qu'elle ne cherchait ni à connaître, ni à comprendre. Esprit trop biaisé par des croyances personnelles aussi chimériques que dérisoires. Dès le début, elle avait été méfiante, la déviante. Les avait regardé d'un oeil circonspect, ces nouveaux arivants. Amren devait déjà batailler pour assurer la survie des siens, contre ceux qui avaient été ses frères, fût un temps. Combat déjà ardu. Et une autre inconnue était venue se greffer à cette équation. Des humains, anciens maîtres des chaînes qui cerclaient les chevilles des androïdes. Et ce, depuis leur création. Ils étaient certes maigres, affamés et mal en point, après un long voyage. Mais cela ne les rendaient pas moins dangereux pour autant. Ils avaient longtemps été en haut de la chaîne alimentaire et il y avait fort à parier qu'ils risquaient bien de vouloir retrouver leur place d'antan. Alors, la volcanique s'était tenue à distance. Se contentant de observer d'un oeil mauvais. Toujours dans l'ombre, toujours discrète. Toujours prête à fondre sur ces inconnus, s'ils s'avisaient de faire un pas de travers. Elle n'a jamais eu confiance, Amren. Elle était persuadée qu'un jour ou l'autre, ils tenteraient quelque chose. Les autres la prenait pour une folle. Paranoïaque, incapable de croire autrui, trop méfiante pour son propre bien. Voilà ce qu'on lui avait dit. Répété, encore et encore. Et elle les avait tous fait mentir, finalement, la terrible. Les humains avaient fini par révéler leur véritable nature. Monstres sanguinaires les considérant simplement comme des boîtes de métal. Les querelles avaient commencé. La haine avait resurgit, du plus profond du coeur. Des entrailles. Les dissensions s'étaient faites plus profondes, intestines. Et finalement, la rage accumulée durant des décennies avait éclaté au grand jour. Véritable agonie pour une race qui n'avait que trop connu la frustration, durant des siècles. Cris de douleurs déchirant les entrailles, haine à son apogée dans le coeur métallique de l'imprenable. Les siens qui tombaient à terre. Et elle, qui ne pouvait intervenir. Qui devait se borner à pleurer en silence. A genoux. A terre. Le coeur au bord des lèvres. L'âme déchirée en milliers de morceaux. La flamme de rage au fond des intestins. L'esprit ponctué de si seulement, persuadée qu'elle était qu'elle n'avait pas assez insisté sur ses mises en garder. Le poids dévastateur de la culpabilité. Elle aurait pu les sauver, elle le savait. D'une façon ou d'une autre. Faire que cela n'arrive pas.
Et l'occasion de se venger lui avait ensuite été donnée. Durant la terrible Nuit Rouge. Sous le couvert d'une androïde fonctionnelle, elle avait participé au massacre. Repeignant sa carcasse de rouge, ses mains tâchées du liquide vital de ses grands ennemis. De ceux qu'elle haïssait, du plus profond de son coeur. De ceux qu'elle s'était mis en tête de chasser, jusqu'à l'extermination totale. Tant qu'elle vivrait, elle n'aurait de cesse de les traquer. De les détruire. De leur causer le plus grand mal possible et imaginable. Et même s'il faut pour cela qu'elle perde son âme. Qu'importe. La Vengeance avant tout. Avant la Vie. Avant la Mort. Bien plus importante que l'Univers. Rien que la Vengeance. Obsession malsaine qui finira par la détruire de l'intérieur. Démon sombre rongeant ses biocomposants internes. La menant, doucement mais surement, vers les ténèbres les plus épaisses.