octobre 2538
Tandis qu’il marche dans les rues de Newhill, le regard de l’androïde scanne mécaniquement tous les éléments de paysages qui se trouvent autour de lui. Il voit les deux androïdes policiers qui patrouillent ensemble, il capte aussi les mouvements d’un androïde qui rentre promène son chien mécanique. Le réflexe est ancré dans son programme, Nolan est un analyste, et il ne semble pas capable de faire autre chose que d’analyser constamment son environnement. Le brun a les épaules droites, et le menton tout aussi droit, alors qu’il continue sa marche vers le bâtiment des dirigeants où il attendu, comme tous les jours à cette heure-ci. Mais alors qu’il avance, comme tous les jours, en croisant les mêmes personnes aux mêmes endroits, il aperçoit un autre mouvement. Une peau légèrement rosie par le vent froid de cette journée d’automne. Nolan, il ne sent pas vraiment le froid. Ça ne le dérange pas, il porte d’ailleurs un simple costume, dont les pans de la veste volent doucement, quoique retenues par le bouton sur son thorax. Le brun ne s’arrête pas, mais ralentit, alors que son regard glisse contre le visage de cette brune. Il cligne des paupières, tandis qu’à sa tempe, la lumière se fait jaune. Défaillance système, s’affiche quelque part dans le code, mais Nolan n’en prend pas conscience, bien qu’il ressente une pointe de confusion. Le visage de l’humaine est en tout point parfait. De la couleur de ses yeux, à ses lèvres parfaitement dessinées et ses pommettes qui prennent cette jolie couleur rose. Elle l’observe aussi, comme si elle avait senti son regard sur elle. La lumière à sa tempe tourne un peu plus rapidement, démontrant du travail d’analyse qui se fait dans le cerveau mécanique de l’androïde. Nolan ne dit rien, ses lèvres ne font que légèrement s’étirer en un sourire fin, rare expression chez lui. Il détourne le regard, finalement, et continue sa marche vers le bâtiment.
Déviance, stade 1.

novembre 2538
« Les humains sont comme une maladie. » Le ton est calme, le menton toujours légèrement relevé et alors que l’analyste vient de parler, la lumière bleue à sa tempe se met à doucement tourner, sans jamais changer de couleur. « La terre est comme n’importe quel organisme. Et les humains sont un virus. Nous sommes le médicament. » Nolan sait qu’il n’ pas besoin de métaphores pour expliquer le résultat de ses analyses, mais c’est un débris de code qui persiste dans le programme des androïdes. C’est ce qui les rendaient plus « humains » pour leurs créateurs, et donc plus agréables à écouter, plus faciles à comprendre. « Les médicaments abattent les virus, et l’organisme s’en remet. Nous devons abattre les humains. » Le regard d’un autre analyste tombe sur lui, alors qu’il vient de finir de rendre son rapport à l’analyste qui parlera pour eux, aux dirigeants. C’est la conclusion de beaucoup d’entre eux, ils le savent car ils sont connectés aux mêmes données, au même savoir. « Je suis d’accord avec toi, Nolan. » L’androïde sourit doucement et recule d’un pas pour laisser la parole à un autre.

C’est la guerre qui vient d’être déclarée. Alors qu’ils sortent du bâtiment, Nolan et Samuel entendent d’autres androïdes marcher précipitamment derrière eux. Rarement, les androïdes sont pressés. Mais ceux-ci sont vêtus d’un uniforme qui les rend facilement reconnaissable. « Cette guerre sera sanglante. » annonce Nolan d’un ton neutre, quoi légèrement effrayé. « Mais pas de sang bleu. » réplique Samuel. Nolan l’observe un instant. « Je n’ai jamais vu de sang humain. En as-tu déjà vu, toi ? » Samuel secoue la tête à la négative, alors qu’ils reprennent leur marche vers le quartier où ils habitent. « Comme toi, la première fois que j’ai vu un humain était en septembre. Avant ça, je n’avais vu que des vidéos de la base de données, et quelques photographies. » Nolan hoche la tête. La conversation continue, puis s’arrête, pile quand ils arrivent à destination..