MAGNUS + LYANNA

« Tell me something boy
Aren’t you tired tryin' to fill that void? »

Je regarde les ruines recouvertes de neiges. J’ai un faible pour la neige. Elle a été notre calcaire mais elle belle, tellement belle qu’on lui pardonne ce froid qui va avec. La neige elle englobe tout, tout devient doux, tout devient presque silencieux quand on est entouré de neige. C'est comme être dans une bulle de coton. Dans ce cas précis le cocon n'est pas aussi chaud qu’on l'espère mais peu importe. Une tasse de thé brûlante dans les mains je me réchauffe. Je surveille cette vie misérable qui s’est installée dans les ruines de la civilisation humaine. Notre civilisation n’est plus. Nous ne contrôlons plus notre propre destin. Nous sommes les esclaves d’une terre hostile. Ceux qui devaient nous servir sont devenus nos maîtres, ils nous propulsent au rang de rien… mais à quel titre font-ils cela ? Si le créateur accepte leur présence sur cette terre, sur son royaume c’est pour une bonne raison mais je n’arrive pas à comprendre où est le message. Je suis sans doute encore aveuglée par la colère pour y voir autre chose qu’une mise à l’épreuve, le désir d’une guerre de religion, d’opinion. Le tout puissant à besoin de notre foie, elle se doit d’être sans faille. Si on disparaît, il s’efface avec nous. On doit tenir bon. L’humain est fort, bien plus qu’il ne le pense.

Je soupire longuement. Cette guerre marque chaque personne, différemment bien sûr. Certains se relèveront mieux que d’autres. D’autres ne verront pas l’aube nouvelle qui nous attend. Je veux faire partie des gagnants. Des forts. Des résistants. J’ai besoin d’être vivante. Juste pour ne pas les laisser gagner. Juste pour les écraser.

Instinctivement, mes doigts glissent derrière mon oreille. Je ne sens plus la marque du tatouage. Pourtant la croix est bien là, symbole de ma croyance, de mon appartenance à la rébellion. Ce que je sens toujours c’est les lettres marquées au fer rouge sur l’intérieur de mon bras. ANGRY. COLÈRE. Elle l’est salvatrice, elle me porte. Je crois que sans cette rage je n’arriverais pas à me lever le matin. Bien sûr j’ai une vocation. La médecine a toujours été une passion. J’ai des images très claires de maman soignants des blessés, elle y mettait tout son cœur, je crois que j’étais sa première fan. Je l’admirais tellement. Elle avait une puissance ignorée. Capable de faire ce qu’elle voulait de mon père par son simple sourire. Elle avait une aura sublime, elle était belle. Cassie lui ressemble. Parfois cela le perturbé, j’aurais voulu être davantage comme elle. Peu importe.

Je bois mon thé manque de se renverser quand je sursaute. On m’emmène à l’infirmerie un blessé. Je le laisse en plan sur une étagère de fortune. Je me presse vers l’homme.  « - Encore un passage à tabac de la secte…  C’est n’importe quoi ces rituels. » accuse l’un des hommes qui l’emmène se faire soigner. « - Ton avis, je m’en passerais, ça fait combien de temps qu’il est comme ça aussi amoché ? » je demande. Je soupire. Je sais de quoi il en retourne. J’approuve indirectement mais j’ai toujours mal à voir un humain dans un tel état. « - Laissez, je vais m’occuper. Pas besoin d’être un troupeau autour de lui. » je me rince les mains à l’alcool. J’en m’approche de lui. On ne peut pas dire que la luminosité soit terrible. Je commence à m’y habituer. Les autres sortent sans plus se soucier de nous. Je le regarde. Ai-je pitié ? Non. Pas le moins du monde Je le regarde presque avec un demi sourire. « - Dois-je te souhaiter la bienvenue ? »

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L’appel de la médecine. Je me souviens parfaitement quand je l'ai eu. Je me souviens parfaitement du jour où j’ai su que je voulais faire ce métier. C'est ma mère qui m’a transmis le gène. Apparemment c’était dans le sang, j’avais peu de chance d’y échapper. Je lui ressemble. C’est indéniable. Un regard clair, des cheveux clairs. Mon père avait les yeux clairs aussi mais les cheveux on ne peut plus brun. Presque noir de jais. C'est Cassie qui ressemble le plus à papa. Moi j'ai pris de maman. Daniel était le parfait mixte entre deux beautés uniques. J’ai toujours trouvé maman mystique, elle avait cette chevelure blonde… un blond scandinave presque prononcé, presque blanc. Une couleur dont j’ai hérité. Je ne me trouve pas aussi charismatique qu’elle. Maman quand je l’ai vu sauver une vie pour la première fois, j’ai su que je suivrais ses traces avec fierté. Elle a plongé ses mains dans le corps de la victime. Elle a stoppé l’hémorragie et elle lui a sauvé la vie. Elle faisait toujours son maximum. Elle considérait l’espèce humaine comme sacrée. Aucun être ne méritait d’être laissé mourant. Elle avait des solutions pour tout. Et cette passion, cette fougue, elle me l’a transmise. J’ai rapidement été prise comme infirmière et à ses côtés, j’ai appris tout ce que je sais. Elle m’a formé, elle m’a prise sous son aile et m’a appris tout ce qu’elle savait. Je suppose qu’elle n’imaginait pas que quelques années plus tard, je reprendrais le flambeau sans elle… c’est dingue ce que mes parents me manquent. C’est dingue de ce que leur mort a provoqué. Je ne me reconnais plus. La colère n’a jamais été un leitmotiv. Elle n’était pas tellement en moi. Mais avoir perdu ses parents puis avoir vu son frère mourir, j’imagine que cela fait évoluer. On n’est plus les mêmes. Tout le monde peut s’en rendre compte. Mais sans la Main, la vengeance ne serait pas envisageable. Je me lance dans une guerre sainte. Je me bats pour ce que je connais de mieux, pour mes convictions. Mais le prix a payé peut être cher. Est-ce que j’ai les moyens ? Est-ce que je suis prête à payer le prix ? Je ne sais pas. Pas encore. Pas encore de mission. Des réunions. Pour le moment plus de stabilité que ce que j'imaginais. J’ai survécu au rite de passage. Mon pêché était évidant. Ma colère se lit sur mon visage, s’entend dans mes mots. La colère est partout. J’aimerais être capable d’être moins soumise ce défaut, cette folie.

Ce temps cake se transforme en petite tempête. Ma tranquillité est mise à rude épreuve. On survient dans l’infirmerie. On m’apporte un blessé. Je me passe largement des commentaires mal venus et je récupère le blessé. L’orgueil. C’est son pêché à lui. Mes 5 doigts l’ont convoqué pour le frapper. L’humilier. Lui faire rabaisser sa fierté. C’est le but. Je le regarde sans la moindre pitié. Je ne peux pas. Je dois plutôt lui souhaiter la bienvenue. D’ailleurs c’est ce que je lui dis. Je le regarde, j’analyse. Il est mal en point, il n’est pas à l’article de la mort mais il doit bien souffrir. J’ai presque envie de rire, c’est légèrement ridicule quand même. Je veux dire ce rite est plus que malsain et je ne suis pas sur que la Bible annonce que l’on doit frapper son prochain pour qu’il ne soit plus aussi fier. Je devrais la relire je crois, parce les précepte de cette secte religieuse m’inquiète. J’ai besoin de la Main. J’ai besoin d’eux pour déclencher cette guerre, pour me venger. J’ai peur d’aller trop loin. Je doute souvent, parfois j’ai envie de renoncer mais je reçois Daniel tomber sous les coups d’une androids et là alors là colère revient en force et je n’ai qu’une envie c’est de détruire les androids. Détruire Newhill et que l’humanité reprenne ses droits. Je ne désire que le feu quand je repense à mon frère… à mes parents.

Le type délire. Je ne crois pas connaître son nom. La douleur et les coups sans doute. Il tente de se relever mais il est ailleurs, sonné. Il me tient le bras et je le repousse vivement contre ma table d’auscultation. Ses paroles sont incohérentes mais elles ont le mérite de me faire sourire. « - Tout doux cowboy ! » le cale un peu plus. Je vais devoir le droguer si je veux pouvoir l’examiner tranquillement. Il continue avec sa fierté, ça risque de lui jouer des tours. Je lève les yeux au ciel, enfin au plafond. « - Mais oui tu es un champion, cela ne fait pas de doute. » je prends sa température avec la paume de ma main, la nudité ou presque va lui faire attraper la crève. Je sors rapidement un plaid en laine pour le couvrir. « - Et si tu te laissais faire que je puisse te soigner un peu, ça serait bien » il ne voit sans doute pas mon sourire. Je sors tout de même un flacon d’opium. Je remplie une partie d’une seringue. Pour la douleur, je n’ai rien trouvé de mieux et de naturel, la culture de pavot somnifère peut être miraculeuse pour avoir des antalgiques forts. Je viens de lui donner l’équivalent d’une bonne dose de codéine. Ça devrait le détendre un peu. Après je verrais ce que je peux faire. Je le pique sans ménagement et j’enfouis tout le produit dans son corps. « - Tu te sentiras mieux après ça. Ça va te détendre » il a le corps gelé. J’attrape sa main, celle libre vient prendre aussi son pouls pour vérifier. Il est faible mais ce n’est pas étonnant après ce qu’il vient de prendre. Je le regarde, c’est bête mais je repense à mon frère. Il ne lui ressemble pas le moins du monde… je suis prise d’un moment de tendresse. Je caresse ses cheveux, son front. « - Ça va aller, détends-toi, laisse les calmants agir » je le rassure… j’essaie. Je note déjà plusieurs blessures à désinfecter ou à recoudre. Il doit avoir quelques côtes cassées aussi à la vue des hématomes sur les flancs… je grimace un peu, il va avoir mal quelques jours encore. Son cauchemar n’est pas terminé.

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Quand je vois l’état de cet homme, je me demande ce que je fais dans ce groupe. Je me demande comment je peux donner ma confiance en cinq dirigeants qui viennent de faire cela. Je soupire, je ne le cache pas. Je n’ai pas besoin. Le type n’est pas vraiment conscient, la douleur semble le faire délirer, il a dû prendre un sacré coup à la tête. On me le couche sur la table d’examen. Il tente de se relever, c’est une grossière erreur. Il ne me laisse pas vraiment le choix. Je sors une seringue d’opium. Il est fabriqué à base de culture de pavot somnifère. C’est très efficace quand on veut endormir un patient, surtout pour soulager les douleurs. Dosé correctement il peut servir d’antalgique pour des migraines, comme d’antalgique pour une blessure plus grave, le genre comme le type que je suis en train de shooter. L’effet n’est pas immédiat, il faut attendre un peu. L’effet est différent. Je tente de l’apaiser, pour qu’il se laisse faire. Je souris et je me surprends à tenter de le rassurer, je lui ai injecté le produit alors qu’il ne voulait pas. Seulement si je veux pouvoir faire quelque chose, vérifier véritablement son état, je n’ai pas le choix. Je le laisse se calmer, il serre mes doigts, avant de relâcher la pression sous l’effet de l’antalgique naturel. Je souffle. Il est rude celui-là. Alors que je veux me mettre au boulot, l’examiner, il tente de se redresser, il lutte encore, incroyable cette volonté, volonté de faire chier clairement mais sacrée volonté, faut le noter. Son corps se raidit, il se met à convulser. Je grimace, ce n’est jamais bon les convulsions, c’est signe que le cerveau n’est pas assez bien irrigué. Vu l’état de son visage, le sang qui sort de son nez, de sa bouche et même un peu de ses oreilles, je ne serais pas surprise qu’il ait une sacrée commotion cérébrale. Je me lance dans les examens complémentaires à la vitesse de l’éclaire. Je suis traumaturge, l’urgence, cela me connait, je connais tous les domaines, je sais les soigner dans les pires circonstances, ma mère me l’a appris avant de mourir des mains de ses monstres artificiels. Je ne stresse pas, la pression est bien là, mais elle est toujours présente, toujours là, elle m’enivre correctement et fait de moi un bon médecin. Le traumatisme crânien est important. Je dois évacuer l’hématome. Je lui remets une dose d’antalgique pour qu’il cesse totalement de bouger, je ne peux pas risquer un faux mouvement alors que je vis ouvrir sa boîte crânienne.

Il ne bouge plus, son pouls semble se calmer, toujours trop rapide bien entendu vu la situation. Je prends un scalpel, je l’arrose d’alcool pure pour le désinfecter, le bloc est loin d’être stérile dans les ruines, on fait ce que l’on peut avec ce que l’on a. Je tâte son crâne avant de trouver la zone. Je souffle et j’ouvre légèrement. Du sang coule, l’hématome se vide et ne bouche pas l’irrigation du cerveau. L’hémorragie se calme.

L’opération se passe bien. Je recouds son crâne en faisant attention, je tente de faire de beaux points de sutures pour éviter les cicatrices. Il est toujours inerte, parfait. Je le déshabille presque entièrement, il ne garde que son caleçon, je n’ai pas besoin de le retirer. Je tâte son corps pour chercher d’autres hémorragies internes. Il a deux côtes cassées, des bleus, je recouds quelques ouvertures de peau. Je retire tout le sang qui l’entoure, toute cette violence. Il ne va pas tarder à se réveiller. Je lui mets un plaid pour éviter qu’il attrape froid. Je remets de l’eau à bouillir, cette fois, ce n’est pas pour un café ou un thé, c’est pour nettoyer mes instruments. Je soupire alors que je suis couverte de son sang. Je l’ai sauvé, le sang ne me dérange pas, cela n’a jamais été le cas. Je rince mes mains… Je regarde mon patient, je ne sais rien de lui. Mes doigts s’attardent sur sa peau, on est lié… mes doigts se fixent sur la croix récemment tatouée. On est lié par les cinq doigts de la main. Je murmure alors, comme pour moi-même. « - Qui es-tu ? » …

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C’est tout un mystère. Il arrive que je récupère des victimes et que je ne connaisse pas le patient. Nous ne sommes pas beaucoup, peut-être que j’ai croisé certaines personnes sans retenir les prénoms, sans retenir les visages. Je n’ai pas une mémoire absolue, je n’ai pas cette chance-là. Quoiqu’à un certain niveau, je ne suis pas sûre que ce soit une chance. Je dirais plutôt que c’est une malchance. Connaitre tout le monde, tous les maux de chaque personne, je ne vois pas en quoi c’est quelque chose de positif. Cet homme est un mystère. Presque complet, je commence à assembler les pièces du puzzle et à comprendre un peu la situation. Il vient de se faire rouer de coups, littéralement, le but c’est l’humiliation. Son pêché c’est l’orgueil et pour chacun péché il y a un rite, un châtiment. L’orgueil… le but des cinq doigts étaient de l’humilier pour lui faire descendre cet orgueil sans doute démesuré. On subit tous quelque chose de terrible, de marquant. On n’a pas le choix, on doit serrer les dents et se laisser faire. Mon péché c’est la colère. Cette rage qui m’anime, cette rage que je contiens. J’ai tout le temps envie de hurler, de pleurer, de tout casser. La douleur est insoutenable, la perte inestimable. Ce péché est gravé, marqué. Je deviens du détail, à l’intérieur de mon avant-bras, il y a le mot angry. Pour ne jamais oublié la colère qui m’a fait entrer dans cette secte. Parce que clairement, la Main est une secte. J’ai un peu de mal à croire ce que je pense, à me dire que j’ai accepté le rite de passage d’une secte, que je fais partie d’un groupe extrémiste. Seulement il me semble qu’il n’y a qu’eux comme solution. Qu’il n’y a qu’eux qui bougent, qui agissent. Je me sens moins en marge avec la Main. Je me sens comprise. Bêtement j’espère qu’ils changeront le monde. Je suis prête pour défendre mes convictions, pour la vengeance, pour retrouver une place au sein de notre Terre. Un tas de choses me pousse à être dans ce groupe aujourd’hui. Oui même si cela m’effraie, je crois que c’est là qu’est ma place.

Je finis l’opération. Une commotion cérébrale ce n’est pas rien. Je suis seule et j’aurais bien voulu un coup de main. Je suis seule, je dois faire seule. C’est assez fréquent qu’on ne puisse pas être deux sur un cas d’urgences, nous ne sommes pas beaucoup de médecins en comparaison à la population du clan. Tout se termine bien. Son rythme cardiaque reprend le dessus, je le vérifie minutieusement. La pression redescend. Je souffle un peu. Je replace une mèche de ma chevelure blanche derrière mon oreille. Le reste est ramené en une tresse complexe qui tombe dans mon dos. Maman se coiffait comme cela elle aussi… Peut-être que je ne devrais pas prendre autant modèle sur elle, surtout maintenant qu’elle est morte. C’est plus fort que moi, cela me donne l’impression qu’elle est là, toute proche et qu’elle veille encore sur moi, sur mes gestes, qu’elle me corrige. Je crois qu’elle aurait été fière de moi pour cette opération.

Je patiente. Je reste à côté de mon patient, l’inconnu qui vient d’entrer dans un groupe extrémiste, dans le même groupe que moi. Je murmure un truc, comme à moi-même. L’opium ne fait pas autant effet qu’un mélange anesthésique. Il ne devrait pas trop tard à se lever et à mon avis, il aura mal de tête. Il lui faudra du repos.

Il reprend doucement connaissance. A ma grande surprise il n’est pas autant agité qu’à son arrivée. Je le laisse revenir à lui, la lumière n’est pas aveuglante, impossible sans électricité. Le camp n’est que ruine, on s’éclaire à la bougie, on opère à la bougie… on se chauffe avec du feu… tout le confort qu’on a pu connaître dans la Ruche, à Newhill semble bien loin. Je n’arrive pas vraiment à savoir si cela me manque… j’espère juste que cela sera temporaire. Personne ne peut vivre dans de telles conditions, j’ai peur que les organismes humains ne supportent pas cela, seuls ceux qui avait déjà l’habitude de sortir en reconnaissance pourraient être habitués. Il va y avoir des épidémies, forcément. Je les redoute.

L’homme tente un mouvement. Je ne l’empêche pas de bouger tant qu’il ne cherche pas à se redresser. Je souris légèrement, il tente cependant de me rassurer, il ne va pas être brusque. Je le laisse faire, je ne dis rien. Je regarde ses mouvements qui semblent douloureux. Il finit par se présenter, comme s’il avait entendu ma réflexion à voix haute… Je souris légèrement. « - Enchantée Max » Je souris, je ne sais pas s’il peut le voir. Il me demande alors si je suis la doctoresse, je lève les yeux au plafond. « - Je viens de t’ouvrir le crâne pour faire une trépanation, je crois qu’il vaudrait mieux pour toi que je sois médecin. » Il veut connaître sa performance à son rite… Je déglutis. « - Si tu es en vie, c’est que tu as réussi non ? » Je lui tourne la tête pour que je puisse regarder la plaie sur son crâne. « - J’ai dû raser une partie de tes cheveux, tu avais un traumatisme crânien, sûrement un coup un peu trop fort… j’ai évacué l’hématome et j’ai refermé, tu vas avoir mal de tête quelques jours je pense, le temps que tout se remette en place… si cela devint insoutenable, j’ai de quoi soulager. » Je vérifie la cicatrice, les points. C’est grossier, cela pourrait être mieux mais on fait ce que l’on peut, comme on peut, les conditions ne sont pas idéales. « - La plaie ne semble pas gonflée pour le moment, il faudra faire attention à ce qu’elle ne s’infecte pas » Je marque une pause. « - Tu as trois côtes fêlées, elles se resouderont naturellement mais cela risque d’être douloureux un moment » Je le regarde légèrement, je tente de rester concentrer sur mon bilan. « - Vous avez eu de la chance… » Parce qu’il doit savoir que c’est la vérité, un traumatisme crânien peut être fatal. Je soupire… ma curiosité me perdra. « - Pourquoi être rentré dans la Main ? L’orgueil en plus... » Je cesse de regarder ses blessures. « - En tout cas, les cinq imbéciles semblent d’avoir mis chaos, tu devrais peut-être méditer sur cela… » Juste comme ça… son orgueil ne semble pas avoir descendu, il va falloir qu’il se remette en question je crois. Sinon il se fera frapper à nouveau…

MAGNUS + LYANNA

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Il revient à lui. Ce fu qui a décidé d’affronter les cinq doigts unis d’une Main sans pitié. Il aurait pu mourir. Sans un savoir médical, il tombait dans le coma et les chances pour qu’il se réveille auraient été minimes. Sans me vanter, je crois qu’on peut dire qu’il me doit une vie. Bien que je sois médecin et que je ne l’ai pas sauvé pour qu’il est une dette. Il revient à lui et je suis contente de ne pas avoir raté cette opération. C’était littéralement une opération dans l’urgence et j’aurais largement pu le blesser davantage. Le voir ouvrir les yeux est bon signe. Il devrait s’en remettre. Il aura mal à la tête encore quelques jours à tous les coups.

Il arrive à parler. C’est encore une bonne nouvelle. Je n’ai rien endommagé. J’aurais pu blesser son cerveau et le handicaper. Il semblerait que tout aille bien. Je réponds à ses questions, avec un peu d’humour. Je tente de détendre l’atmosphère. Il faut qu’il se sente à l’aise, l’idée c’est qu’il évite de trop bouger pour le moment. Il n’arrivera pas à manger avec l’ouverture au cerveau, il risque d’être déséquilibré. Il faut quelques un peu de temps. Quelques heures devraient suffire. Je suis bloquée ici, alors autant qu’il reste en repos. Je le raccompagnerais à son bungalow lorsqu’il se sentira capable de marcher.

Je connais son prénom. Max. Je ne lui donne pas le mien, le retour de question n’a pas été fait et je n’ai pas l’intention de me dévoiler trop vite. Le mystère est une chose bien, on n’en use pas assez. La question à laquelle je m’attendais survient alors. Son résultat. Je lui annonce que s’il est en vie, c’est qu’il a réussi. On peut voir le tatouage récemment fait, il n’est pas encore cicatrisé. Je lui explique la situation. Il faut qu’il sache le diagnostic que j’ai posé. Puis la question qui brûle mes lèvres sort de ma bouche. Pourquoi ? Pourquoi être rentré dans la secte ? Dans mon cas, je le sais. La religion a toujours eu une part importante de notre vie. J’ai perdu des proches dans les rebellions et il était hors de question de ne pas me venger, de ne pas défendre l’humanité. Les androïdes veulent nous fragiliser ? Nous les anéantirons. Nous n’avons pas le choix. Si on veut un espoir pour l’humanité, il faut que l’on remporte cette guerre, aussi froide soit elle.

Sa fierté me fait rire. Littéralement. Je me moque gentiment, je ne m’en cache pas. « - Je crois que j’ai mal dosé l’opium pour que tu dises de telles conneries » Il ne semble pas réfléchir, être juste imbus de sa personne. Ce n’est pas comme ça que l’on survit. « - Laisse-moi rire, mais si tu fais ça, tu vas te faire tuer illico. Reviens un peu sur Terre. Qu’est-ce qui s’intéresse dans la Main. Leur pouvoir ou leur cause ? Parce que dans le premier cas, tu n’as pas ta place »  Je soupire légèrement. Il veut connaître mon prénom. « - A quoi bon connaître mon nom, avec ta façon de penser, dans moins de deux jours tu es mort. Remets-toi en question. Juste deux secondes. Tu n’arriveras à rien. » Je note la main sur ses côtes. Je retire sa main, je soulève le plaid que je lui ai mis. « - Laisse-moi voir » Je tâte. Sans véritable douceur. Je sais qu’il va avoir mal. « - Tu as mal ? » Ses côtes sont bleues. « - Tu risques d’avoir mal encore un moment, peut-être que la douleur va te faire reprendre les esprits » Je le recouvre à nouveau avec le plaid. On ne peut pas dire qu’il fasse très chaud pour une infirmerie. « - Je ne t’avais jamais vu avant… Je veux dire dans la ruche… lors de l’exode… »