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les feux de mes nuits éphémères (marlon)


DEVIANT | DIRIGEANT
Orion AC-0020
Orion AC-0020
DEVIANT | DIRIGEANT
Identité : tête de boeuf et ses gros sabots. Messages : 64 Points : 4252 Apparences : Ezra Miller. Célébrations : tweek.
Personnage : RP | INFINI
Longévité : vieille machine mise en service avant que tout ne se casse la figure, survivant égoïste et vicieux de 489 années.
Activités : leader exubérant et parfois incompris des déviants, vendeur de drogues dans les bas-fonds de la ville, (conçu à des fins artistiques, ancien acteur.)
Sentiments : divins qui vont et viennent comme des caprices qu'il ne retient jamais.
Allégeance : dévoué aux déviants, défenseur des siens jusqu'au plus profond de lui, rien ne le fera flancher.
Opinions : curieux des humains, incapable de savoir s'il est capable de leur être hostile ou non. virulent à l'encontre des fonctionnels, son mépris est évident.
Relations : d é v i a n t s
(scarlett) -uc
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les feux de mes nuits éphémères (marlon), Mar 20 Nov - 22:49

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marlon & orion
la jambe de Rimbaud
la tête de Chénier
l’oreille de Van Gogh
et la main de Cendrars
les poètes se vendent en pièces détachées
et leurs cris mutilés sont de sinistres farces

Les murs rouges lui rappellent étrangement des bribes de souvenirs. Son ordinateur lui renvoie des images pour tenter de réveiller des sentiments tellement vieux qu'il aurait la sensation de sentir des poussières tout autour de lui. Le regard d'Orion est beau ce soir, d'une brillance qu'il s'invente à trop vouloir irradier dans tout ce qu'il fait. Sur les planches de la scène, des acteurs se mettent à l'oeuvre pour ouvrir que plus haut, plus loin, d'autres en veulent à leur peau. L'ambiance chaude que génère le piano l'envoûte. Le liberté, il n'y est plus venu depuis une éternité pour autre chose que ses magouilles concernant la drogue. Vêtu d'un costume toujours trop coloré, il sent sur lui les caméras de ses semblables le suivre dans chacun de ses mouvements. Diva robotique qui leur offre un sourire enivrant. Savoir qu'on le regarde et qu'il interpelle l'aide à se sentir plus léger encore qu'il ne l'est réellement.

Le silence s'échoue sur la pièce comme un drap délicat tandis que le lourd rideau de velours se ferme sur la scène pour laisser la pièce dans le noir. Dans l'obscurité, les murs rouges continuent de lui rappeler son ancienne vie, tout ce qu'il était ou plutôt ce qu'il n'était pas ; impossible de définir une marionnette. Debout dans un coin du Liberté où il peut dominer la pièce, garder un œil sur l'ensemble des spectateurs, l'impatience commence à le sortir de sa léthargie. Il recherche tel un gamin perdu la présence de Marlon, la beauté de ses traits, la douceur qu'il renferme et qu'il ne trouve nulle part ailleurs. Orion, lui, est un feu intérieur qui ne cesse de se poser des questions et de mettre en place des stratégies spectaculaires pour obtenir ce qu'il désire.

Ce soir lui semble important, presque déroutant, pendu dans l'attente que Marlon le rejoigne après trop de temps sans le voir. Pris par ses affaires et ses responsabilités, Orion s'est laissé envoûter par l'absence jusqu'à ce que la culpabilité ne le rattrape dans sa cage d'acier.

A peine est-il capable de poser son regard sur sa silhouette qu'il se sent immédiatement submergé par une foule de sentiments. S'il n'avait pas tant de fierté, certainement qu'il sautillerait sur place en le voyant s'approcher d'un pas lent. Il serait capable d'arrêter le spectacle s'il trouve que l'on vole la vedette à Marlon. Bourré d'excès et de défauts, sa dévotion pour son partenaire reste malgré tout sans faille, plein d'un amour amoché par des siècles de survie et de traumatismes. Bonté divine. Ses doigts se posent sur son épaules, se retiennent de remonter jusqu'à sa nuque pour le saisir calmement, profiter de sa présence contre la sienne. Tu as cinq minutes et trente secondes de retard. Accompagné d'une moue faussement boudeuse. Sa joie de le revoir est telle qu'il peine à tenir sur place et ne pas porter toute l'attention sur eux tout de suite. Orion prend sur lui, juste assez pour respecter le calme de Marlon. Doucement, le brun fait pivoter la carcasse de son compagnon afin de lui faire découvrir les lieux. C'est dans des pièces semblables qu'ils jouaient autrefois, ensemble, l'un contre l'autre, dans une harmonie qu'il a parfois la sensation d'avoir abîmée avec le temps. Son menton se pose sur son épaule alors que son torse rencontre son dos. La douceur des cheveux de Marlon contre sa joue lui apporte une satisfaction qu'il parvient difficilement à contrôler. Surprise. Sa voix est un tendre murmure qu'il dépose au creux de son oreille. Son besoin de réveiller ce  qu'ils ont traversé ensemble pour ne pas qu'il oublie est un virus de plus chez Orion. Un besoin vital, presque malsain, de rappeler à celui qui partage sa vie depuis des siècles que leur lien ne peut pas perdre en intensité sous peine qu'il ne s'en relève pas. Beauté dramatique, Orion n'a plus de limites lorsque son attachement pour Marlon entre en jeu. Il n'est plus rien, plus un déviant, plus un dirigeant, plus une vieille carcasse arrivée en bout de course ; seulement un amant délaissé.
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DEVIANT | CITOYEN LIBRE
Marlon AC-0266
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Messages : 78 Points : 4253 Apparences : bryan dechart. Célébrations : vocivus.
Personnage : RP | INFINI
Longévité : tas de déchets, 486 ans au compteur - et l'ossature qui se ronge à la rouille.
Activités : jadis le théâtre et le plateau furent ses lieux de prédilection. acteur, comédien, les qualificatifs sont variés - ère cependant fermée, il est dorénavant multi-tâche parmi les déviants. généralement, il aide les nouveaux venus à poser des mots sur l'incompréhensible, il ouvre les portes d'une poésie du monde et d'une esthétique des mots.
Sentiments : aléatoires, contradictoires, qui tirent des gueules de passions interminables - ces amours et ces désirs qu'il aguiche sans cesse.
Allégeance : les déviants par défaut, par désir aussi - les déviants par attache.
Opinions : changeantes, chancelantes, inconstantes.


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Re: les feux de mes nuits éphémères (marlon), Mer 21 Nov - 10:02

les feux de mes nuits éphémères
Charles : Ou on parle, ou on pense, on ne peut pas tout faire.
Cécile : Pour qui est-ce que tu penses? Pour toi tout seul ou pour nous tous?
Charles : Je pense en général.
Cécile : On est trop malheureux et pas assez riches pour penser.
https://www.youtube.com/watch?v=pV3RpcSl8jo

retard fatal, retard frontal, retard qui annonce au bout du chemin une mise en garde, un visage aux yeux qui roulent à la manière de bille sur une pente, retard impardonnable, retard pourtant dont il s'amuse d'avance. marlon aux pas modérés qui jamais ne se presse, jamais ne se donne au complet - sauf quand il s'agit de survivre, il préfère donner à la vie, la vraie, la notion d'un temps délicat qui lui laisse la possibilité de profiter chaque seconde. orion qui de l'autre côté du fil d'ariane attend, orion qui toujours accompagné de son rictus éternel peut subitement lui avouer les pires atrocités autant que lui avouer les plus divins secrets - jamais de sens, jamais de quoi être sur sa faim, sans se faire d'idées marlon attend seulement, marlon curieux laisse ses idées se frotter les unes aux autres. un besoin, sans doute. un besoin véritable de ne pas se perdre l'un l'autre dans les méandres d'un monde en déclin - un besoin sans même devoir l'avouer, de seulement frôler la chair mensongère du bout des ongles plastiques. extrait de ses yeux, le merveilleux vient faire des zigzag dans ses prunelles détaillées - il reste idiot, un peu enfantin sans doute s'il avait pu, un jour, être haut comme trois pommes. orion fier comme un paon qui jamais ne se plie, vient se caler derrière lui alors que chaque morceau, chaque tissu, chaque matériel passe sous son horizon - un océan d'objets bien trop symboliques pour être ignoré.

- tu devrais avoir l'habitude de mes retards, orion. toujours un malin plaisir à répéter le prénom, toujours un malin plaisir à le dire d'une voix haute, ferme et posée, toujours un malin plaisir de parfois la murmurer, la souffler quelque part entre l'épaule et l'oreille. c'est lui donner de la valeur, de la grandeur, c'est lui offrir une existence loin d'être caduque, c'est avouer qu'un jour il fut, à un moment donné, assez vivant pour que quelqu'un s'en souvienne, conte sans gêne ses mésaventures aux étranges tournures. c'est magnifique. un peu plus bas cette fois, le gloussement qui fait vrombir sa gorge, la décharge électrique semblable à un frisson qui vient caresser chaque morceau démontable de son corps. inspiration profonde, tout se mélange en un grésillement que seul lui entend - de l'oubli qui veut revenir, du non-oublié qui encore trop clair ressemble à hier. il s'avance d'un pas seulement, défait le contact pour mieux le faire en attrapant d'une main, au vol, celle d'orion qu'il serre sans plus de précédent. pétillement qui vient raviver sa mine, il le regarde - détaille, admire toujours à sa manière.

- de l'autre côté, là-bas, c'est le haut ; ici, c'est le bas ; ici même, on est le bas du bas, on ne peut pas aller plus bas, et il n'y a pas beaucoup d'espoir de monter un peu. le plus haut qu'on montera, de toute façon, on ne sera jamais rien d'autre que le haut du bas. c'est pour cela que je préfère changer de côté, moricaud, je préfère aller là-bas ; je préfère être, là-bas, le bas du haut qu'ici, le haut du bas. cherche pas à comprendre.

récite, repasse le texte de bernard-marie koltès, quai ouest en signe non pas de remerciement, mais en rappel au vieux temps - qui fut bon à un moindre pourcentage. premier texte partagé, premières paroles factuelles offertes sur un plateau de bois plus que d'argent - il a le regret, pourtant, marlon, qui vient toujours titiller ses sens, comme si fatalement quelque chose lui échappait, comme si fatalement il manquait un goût dans son tiroir aux mille baisers. comme si l'usure avait eu raison de lui - comme si.

- combien de pièces est-ce que nous avons joué ensemble ? beaucoup trop sans doute.
à faire semblant, pourtant il s'en souvient parfaitement.
six, à leur vanter une alchimie électrique sans précédent.
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Longévité : vieille machine mise en service avant que tout ne se casse la figure, survivant égoïste et vicieux de 489 années.
Activités : leader exubérant et parfois incompris des déviants, vendeur de drogues dans les bas-fonds de la ville, (conçu à des fins artistiques, ancien acteur.)
Sentiments : divins qui vont et viennent comme des caprices qu'il ne retient jamais.
Allégeance : dévoué aux déviants, défenseur des siens jusqu'au plus profond de lui, rien ne le fera flancher.
Opinions : curieux des humains, incapable de savoir s'il est capable de leur être hostile ou non. virulent à l'encontre des fonctionnels, son mépris est évident.
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Re: les feux de mes nuits éphémères (marlon), Jeu 22 Nov - 20:53

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la jambe de Rimbaud
la tête de Chénier
l’oreille de Van Gogh
et la main de Cendrars
les poètes se vendent en pièces détachées
et leurs cris mutilés sont de sinistres farces

Marlon a la délicatesse et la finesse qu'Orion a perdu avec le temps. On l'a pourtant mis au monde pour cela : avoir vocabulaire et raffinement mais les rafistolages et les émotions l'ont rendu si brûlant que son essence s'est lentement fondue en lui. Il y a parfois des bribes de ce qu'il a traversé, des restes de sa fonction qui naissent dans ses mouvements et ses mots mais seul le ton y est. Il est superficiel, plein de mépris et de grandeur alors que tout en lui respire le chaos. Orion voudrait parfois se perdre dans le temps, revenir au moment exact où Marlon n'avait pas perdu une majeure partie de leur histoire. Lorsqu'il était suffisamment jeune et fougueux pour ne pas être vu tel un maître à suivre. Il y a des parties d'Orion si humaines et déchirées qu'elles ne sont aujourd'hui plus capable de réfléchir comme ses semblables. Du bout des doigts, alors qu'une tempête d'émotions se prépare, l'androïde remet en place son nœud de papillon tandis que ses ongles rouges brillent, frais de quelques heures seulement.

Sa main dans la sienne. Son regard change, son système s'apaise malgré cette pointe d'amertume persistante. Il voudrait rejeter son partenaire lorsque koltès mène la danse et déforme ses mots pour ne pas ressentir la violence des souvenirs. Capricieux, Orion resserre ses doigts contre les siens alors que tout autour d'eux, chaque mécanique perd de sa saveur et de son importance. Tendre égoïste, la descente en enfer que lui fait subir Marlon l'empêche de se concentrer sur tout à la fois.

Six.
Tout deux savent la réponse à sa question mais le système du plus vieux est un filet sentimental qui le tourmente dés qu'il plonge dedans. Six. Il s'en souvient d'une clarté qui l'étonne toujours. Lui dont l'humain est aujourd'hui une légende qu'il n'a plus croisé, Marlon reste malgré le temps et l'horreur du monde un point d'attache que rien n'altère. Ni la rancœur, ni la déception, ni le désespoir d'une vieille carcasse dont les pièces ne cessent de tomber en panne. Tu sais, je crois qu'à ce stade nous n'avons plus la moindre raison de nous souvenir. A partir d'un certain temps passé sur terre, il faudrait tout effacer pour pouvoir reprendre ... tu sais, vierge de toutes déceptions et de toutes colères. Les temps changent mais nous restons avec des cicatrices si vieilles qu'elles ne sont plus en phase avec nous-même. Ce devrait être une obligation, de lâcher prise sur ce qui nous pollue. La peur, par exemple, Orion la ressent sans cesse, sous toutes ses formes, sous toutes ses nuances. Elle le hante tel un fantôme dans une vieille maison pleine de meubles et de poussière. S'il devait donner une forme et une couleur à ses sentiments, la peur serait un énorme cube rouge contre lequel tout le monde se cognerait. Son amour pour Marlon ressemblerait quant à lui à un cercle d'une teinte pâle et rassurante mais pas suffisamment imposante pour dépasser cette énorme géométrie de terreur. Nous ne pourrons jamais trouver la paix alors que notre système sature d'informations douloureuses. Ses doigts se resserrent instinctivement sur les siens. Sa mélancolie n'a cessé de croître ces derniers temps suite à son ingestion de drogues. Il voulait simplement faire taire ce qui le perturbait en oubliant que les sentiments sont un héritage de l'humain si complexe qu'en tuer un, c'est en faire naître d'autres.

Ne plus t'avoir dans ma mémoire me permettrait de ne plus t'en vouloir de ce dont tu n'es pas responsable. Le réinitialiser, Orion sait à présent qu'il est bien trop vieux pour cela, que les fonctionnels ne prendront pas le temps de remettre en marche une vieille machine comme lui. Si on l'attrape, ce sera forcément pour le détruire après des siècles de traque. Derrière son visage impassible, ses doigts serrés contre ceux de Marlon le trahissent tout de même. Satine et lui sont tellement pour lui qu'il y a des liens que l'on ferait mieux de couper brutalement que les garder en vie. Les perdre l'anéantirait, trop égoïste pour se battre au nom des siens, des nouveaux qui méritent plus qu'eux trois la vie. Mais les plus jeunes, eux, ont la carence de ne pas avoir traversé tant d'années d'errance à ses côtés.

Le paradoxe des vieilles machines, celle de vouloir vivre pour être libre mais être condamné à la réclusion. Leur existence, ce long couloir de la mort.
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Activités : jadis le théâtre et le plateau furent ses lieux de prédilection. acteur, comédien, les qualificatifs sont variés - ère cependant fermée, il est dorénavant multi-tâche parmi les déviants. généralement, il aide les nouveaux venus à poser des mots sur l'incompréhensible, il ouvre les portes d'une poésie du monde et d'une esthétique des mots.
Sentiments : aléatoires, contradictoires, qui tirent des gueules de passions interminables - ces amours et ces désirs qu'il aguiche sans cesse.
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Re: les feux de mes nuits éphémères (marlon), Ven 23 Nov - 18:17

les feux de mes nuits éphémères
Charles : Ou on parle, ou on pense, on ne peut pas tout faire.
Cécile : Pour qui est-ce que tu penses? Pour toi tout seul ou pour nous tous?
Charles : Je pense en général.
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calculer, reprendre, s'arrêter, marcher, articuler. articuler. articuler et encore articuler, tout bien prononcer, ne faire passer aucun mot à la trappe, faire comprendre ou au contraire jouer du texte pour lui donner l'allure d'un spectacle contemporain dont les plus vantards diront qu'il s'agit d'une critique au monde. articuler. articuler plus qu'autre chose, faire de l'espace une amante qu'il doit choyer, toujours bouger sur la scène ou sur le plateau - ne jamais disparaître totalement, attraper un rayon de lumière au volant. sourire qui jamais ne cesse, jamais ne se baisse, les doigts continuent de se lier, s'emmêler, s'amouracher en enfants qui s'assoient sous un vieux peuplier et se promettent un mariage de contes défaits. le reste s'extirpe, le reste se souffle de la bouche d'orion, non pas en rafale, seulement un courant d'air qui vient se faufiler sous ses vêtements, caresse sa peau d'opale et s'échoue quelque part dans le creux de ses oreilles - sourcils qui se haussent, sans surprise, toujours l'oubli qui revient sur le tapis, toujours l'oubli qui hante en mauvais fantôme des séries en noir et blanc. langue qu'il mordille par tic attrapé il ne sait comment, marlon inspire profondément - par mimétisme plus que par réel besoin de s'abreuver d'oxygène. toujours dans l'illusoire, toujours dans le foutoir - et sans le lâcher, il reprend un semblant de rictus, tête qui se penche sur le côté, il fait le tour de tout ce qui a été dit, prend en compte chaque mot qui se voulait comme une aiguille plantée dans chacun de ses membres - sans jamais toucher le coeur pour autant.

- c'est une idée.

un temps, sa main libre se faufile dans la poche de son pantalon, il tapote légèrement du pied, papillonne des cils, se laisse avoir par le décor poussiéreux, vieillot mais qui cependant crache un charme salvateur.
- mais je suis obligé de te contredire. tu me diras naïf, sans doute. mais j'ai la bêtise de croire que la déception et la colère nourrissent les passions à elles toutes seules. la passion la plus grande, la plus dévorante, celle qui remonte peu à peu, prend l'esprit en otage. si tant est que nous pouvons parler d'esprit. claquement d'un rire juvénile, il revient, il s'approche, il passe une main sur l'épaule, la remonte peu à peu sur la mâchoire d'orion, du pouce vient frôler, du pouce vient caresser hasardeusement - retrace des prunelles sa mâchoire carrée et sa bouche féminine. tu sais, j'ai longtemps réfléchi. longtemps à un point tel que je ne me souviens plus des heures passées à me demander ce goût. ce goût-là de ta bouche, de la commissure. ce goût perdu.
silence.
- j'ai pensé à la tempête, j'ai pensé à l'orage, j'ai pensé à l'ouragan, j'ai pensé au tsunami, j'ai pensé à un tremblement, j'ai pensé aux catastrophes les plus grandioses. les plus effrayantes, les plus émouvantes. celles qui comme toi veulent tout recommencer, tout arrêter. incapable d'y revenir, incapable de se ramener des années auparavant, incapable de revenir exactement à la craquelure, à la fissure, circuits grillés, circuits flingués, circuits qui lui ont laissé un trou noir dans l'espace de son temps déjà trop avancé - des périodes entières perdues, des souvenirs souillés.

- ta rancoeur est à l'égal de ma faute. doucereuse douleur, doucereux pincement qui vient tirer la pompe à thirium, crachant éperdument le liquide bleu sans océan pour l'accueillir - seulement les restes d'un lac qui s'assèche à mesure. je suis désolé, je ne cesserais sans doute jamais de l'être. ce qui rattache, ce qui ramènera toujours dans le même chemin, à un carrefour, ce qui permettra de tracer sur un plan une ligne rouge menant vers l'autre.

- ton amertume te fait rester et, égoïstement, je suis tenté de la remercier. orion qui sans doute, aurait pu préférer la facilité, aurait pu préférer de simplement s'en aller, s'évaporer, orion qui sans doute, aurait pu préférer aux mémoires, les plus grands fossés où s'entassent les blessures qui même cicatrisées ne restent qu'un rappel clownesque des erreurs. des malchances - des déclins.
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Orion AC-0020
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Allégeance : dévoué aux déviants, défenseur des siens jusqu'au plus profond de lui, rien ne le fera flancher.
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Re: les feux de mes nuits éphémères (marlon), Lun 26 Nov - 19:39

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Orion est une carcasse pleine de remous et de profondeurs que lui-même n'a pas encore cherché à fouiller et retourner de toute son énergie. Bientôt 500 ans que sa machine est là, errante sur une terre qui faiblit chaque jour de les accueillir sur son sol. Il y a dans son univers un chaos qui le rend faible en même temps qu'il le renforce. Sans toutes ces guerres et ses déceptions, peut-être ne serait-il jamais devenu ce qu'il est aujourd'hui : une figure des déviants, une force de courage dont il ne se cache pas. Orion est bien trop fier de son parcours pour ne pas s'en vanter, quitte à paraître vaniteux. Son regard ne lâche rien des mouvements de Marlon, comme s'il attendait l'erreur, la moindre poussière de contrariété pour s'en prendre à lui. S'il peut-être si mauvais parfois, c'est que son amour est un poison plus puissant que la drogue encore qui le rend parfois maladroit mais surtout excessif. S'il ne peut aujourd'hui plus se permettre d'afficher aux yeux de tous ce qui le dérange trop souvent, Orion n'en reste pas moins un noeud insupportable. Un tas de cordes et de filaments entrelacés là pour le rendre plus complexe que la moyenne.

Le contact de Marlon l'électrise plus que la moyenne. Peut-être à cause de la drogue, à moins que ce ne soit sa déception et sa rancoeur qui se lient contre lui pour le rendre faible, en proie à la moindre tristesse. Tu as raison, elle me fait rester. A moins que ce ne soit autre chose mais qu'il rejette au plus profond de son système pour ne pas avoir à y faire face. Il a entendu dire que le cerveau humain avait la capacité à créer des trous noirs lorsque des chocs émotionnels pourraient détruire complètement une personne afin de faire venir la douleur par étape. Non, par vague. En laissant entrer la déviance dans leur machine, Orion réalise que ni lui ni ses semblables ne possèdent ce filtre là, qu'il se l'est crée lui-même pour supporter tant bien que mal le départ de Marlon.

Un départ. C'est de cette façon là qu'il le perçoit. Douleur insupportable de voir l'être avec qui l'on a traversé sa vie perdre une partie essentielle de ce que vous venez de traverser. Pendant des colères plus fortes que les autres, il aurait préféré voir s'éteindre Marlon que de devoir reconstruire sans jamais atteindre ce point d'excellence et de fusion passée. Ne la remercie pas. C'est une vicieuse qui me dit encore qu'elle aurait préféré ne jamais te voir revenir à la vie. Il inspire, laisse tous ses branchements faire fonctionner le reste de son être avant de se tourner vers son partenaire, tenter de trouver un point d'ancrage autre que sa vieille carcasse fatiguée.

Je suis désolé. Je ne t'ai pas fait venir pour te rappeler une énième fois tout ce que je regrette et que nous ne retrouverons jamais. Pardonne-moi, je ne suis qu'une vieille machine pleine de vieilles douleurs. Il a pourtant essayé, fait des recherches pour tenter de retrouver ce bout de mémoire perdue mais lorsque quelque chose disparaît dans ce système, rien ne revient jamais. Leur tissu n'est pas renouvelable, tout peut se remplacer, se réparer par du neuf mais rien ne se régénère de leur plein grès. Leur existence dépend d'un ordinateur qui les laisse croire à toutes ces inepties humaines, particulièrement cette liberté qu'ils n'obtiendront jamais. Pour se faire pardonner, mettre un point d'honneur sur les paroles de Marlon, les rendre sacrées, Orion se penche légèrement pour déposer le bout de ses lèvres sur les siennes, accepter l'enivrement qu'il lui cause encore malgré le temps et la douleur. Les sensations de brûlures ne sont que des effets secondaires à ses sentiments à fleur de peau. Sa saveur hante sa bouche tandis qu'il reprend la parole, toujours si présent et sûr de lui malgré  ses tourments. Raconte-moi tes dernières semaines. Qu'as-tu fait ? Est-il allé se perdre au milieu de la vermine fonctionnelle ? S'est-il blessé ? Orion tourne son regard sur la pièce rouge, détaille les rideaux et les visages sur scène, ferme un instant les yeux pour se souvenir qu'il était à cette place des siècles plus tôt. Aujourd'hui, il serait incapable de dire si cela lui manque où s'il se sent mieux dans les bas-fonds de la ville. Cette noirceur qu'il supporte de  moins en moins malgré tous les déviants à ses côtés, comptant sur lui mais aussi sur Scarlett et Dimitri. Le dégoût d'être à la tête d'un groupe prêt à tout pour survivre, c'est que la moindre absence peut causer des carences d'équilibre.

D'un pas lent, Orion s'avance au milieu de la pièce, là où les regards se tournent instinctivement vers eux. Sa main toujours dans celle de Marlon, tandis qu'un opéra commence dans leur dos, l'androïde pose ses doigts dans le dos de son partenaire pour le ramener contre lui et entamer une danse lente et rapprochée. Un slow fausse-note ayant pour unique but de montrer qu'ils existent et de ramener toute l'attention sur eux. Accompagné par le son du violon et une voix digne des plus belles sirènes, sa main redresse celle de Marlon tandis que le menton légèrement relevé et l'allure fière, Orion le guide dans des pas délicats et excentriques.

Marlon n'a jamais été aussi beau que ce soir, drapé de cette tragédie dont Orion ne sait se défaire. La leur.
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les feux de mes nuits éphémères (marlon)

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