Sortir en dehors des murs de la ville… Mauvaise idée. Le cercle de lumière à la tempe du jeune androïde n’avait de cesse de passer du bleu au jaune, clignotant parfois même très rapidement au rouge. C’était le seul moyen qu’il avait de continuer à découvrir Amren, son amie humaine. Ou du moins que Nolan pensait être humaine. Les humains étaient étonnants, si paradoxaux et étranges… Nolan, de nature curieuse de par sa fonction d’analyste, avait envie d’en savoir plus. Pourtant il les avait tous condamnés, ces humains. Ils devaient mourir pour que la terre puisse vivre. Mais Amren était une énigme, une humaine qu’il voulait presque décortiquer pour en savoir plus. Alors parfois, il s’éloignait, et sortait pour aller la retrouver.

Vêtu de son habituel costume impeccable, le brun ne semblait pas éprouver de difficultés particulières à se faufiler entre les murs, tel une ombre, jusqu’aux portes. Sortir de la ville n’était pas interdit, c’était simplement stupide et légèrement suicidaire. Au-dehors, il entendait les grognements mécaniques de machines puissantes et mortelles, ce qui glaça un instant le thirium 310 dans ses multiples tuyaux. Et pourtant, il ne ressentait pas les températures glaciales qui balayaient son corps à coups de vent rageurs.

L’analyste avait enfin un pied à l’extérieur de la ville. Sa chaussure s’enfonça dans une épaisse couche de neige, présente là depuis des siècles. Au loin, la terre désolée était tout aussi blanche et désertique. Il s’avança, à la recherche de son amie.

Le regard d'Azula est fixé sur les murailles de Newhill, au loin. Accroupie dans la neige, elle sent le froid s'insinuer en elle, engourdir ses membres, et ce malgré les vêtements qui sont censées la protéger des températures négatives. Immobile depuis trop longtemps, elle ne sait pas combien de temps encore elle va pouvoir rester ici. Pourtant, elle n'a pas encore trouvé la solution qu'elle était venue chercher aux abords de la ville. Elle observe cette forteresse de l'extérieur et elle se demande comment y entrer. C'est ça, son but. Trouver un moyen d'être de l'autre côté de ces murailles pour pouvoir récupérer des choses qui se vendront à prix d'or sur le marché noir. Mais ça n'est pas que ça. C'est aussi le danger qui l'attire, qui lui permet de se sentir vivante. C'est bien pour ça qu'elle a faussé compagnie à Lazar et Baz. Elle sait qu'ils vont probablement la tuer lorsqu'elle reviendra au camp. Mais elle sait aussi qu'ils ont probablement l'habitude maintenant, car ça n'est pas la première fois qu'elle s'éclipse de la sorte.

Ses vêtements sombres dénotent dans ce paysage d'un blanc immaculé. Quelques végétaux qui survivent malgré les conditions drastiques lui offrent cependant une chance de se camoufler. Un mouvement près des murailles attire son attention. Instinctivement, sa main glisse dans son dos pour se saisir de son arc et d'une flèche, sans pour autant quitter des yeux la silhouette qui se dessine à quelques mètres. Elle le reconnaît, cet androïde dont elle a croisé le regard il y a quelques semaines, alors que la guerre n'existait pas encore. Elle se souvient de lui, sans vraiment savoir expliquer pourquoi. Peut-être parce qu'il a soutenu son regard et qu'il semblait tout aussi intrigué qu'elle. Quelques secondes, Azula hésite. Elle continue à l'observer alors qu'il s'éloigne des murailles, se rapproche dangereusement d'elle. Elle ne sait pas qui cet androïde est, mais le costume qu'il porte, la manière dont il se tient lui donne l'impression qu'il s'agit de quelqu'un d'important. Dans un excès d'impulsivité, Azula se redresse, et bande son arc. La flèche part quelques secondes plus tard et vient frôler le bras gauche de l'androïde, entaillant la veste de son costume au passage, et peut-être la peau, aussi. Elle se demande à quoi ressemblerait une blessure chez un androïde. Une deuxième flèche part mais cette fois-ci, Azula l'envoie bien plus loin sur sa gauche. Une distraction, pour que l'androïde pose son regard sur la flèche et ne la voit pas approcher alors qu'elle se glisse près de lui avec rapidité. Elle en profite pour glisser à nouveau son arc dans son dos et se saisir d'un des poignards à sa taille. Finalement, l'androïde se retourne à nouveau vers elle, mais il est déjà trop tard. La main libre de l'Orlov vient se poser contre sa bouche, tandis que la pointe de la lame qu'elle tient dans l'autre vient menacer l'androïde, chatouillant sa peau au niveau de sa gorge. Azula n'en sait pas beaucoup sur l'anatomie androïde, elle ne sait pas si en lui tranchant la gorge elle toucherait des composantes essentielles à leur survie. Mais peu importe. « Suis-moi sans rien dire, sinon je n'hésiterais pas à te tuer.  »

Un objet déchire la manche de sa veste, et de sa chemise en dessous. La bruit siffle à ses oreilles, et si il a senti la morcure de l’acier, Nolan ne pourra pas prétendre que ça fasse mal. C’était désagréable, perturbant, étrange. Mais pas douloureux.

La carcasse métallique est griffée, abimée. La peau déchirée, mais aucun tuyaux à thirium n’a été touché. Nolan baisse les yeux sur sa manche déchirée. Tandis que ses doigts glissent contre sa peau qui se reforme, il entend siffler une seconde flèche, et ce n’est qu’à cet instant qu’un léger sentiment de peur l’étreint. Il tourne la tête, vivement, et scanne son environnement, sans trouver l’origine de cette attaque. Rapidement, plusieurs options s’offrent à lui : se laisser tomber pour devenir une cible moins évidente, courir vers la ville, ou trouver qui ou quoi l’attaque pour riposter.

La fuite semble être la meilleure solution, mais alors que le brun esquisse un mouvement pour retourner chez les siens, une sensation métallique se fait ressentir contre sa peau artificielle, quelque part contre sa nuque. L’endroit est vital si la lame est assez acérée et assez solide pour pénétrer dans le métal de son ossature, et faire couler le thirium à flot. Il mourrait en un peu moins de cinq minutes. La mort ne lui fait pas vraiment peur, cependant…
Vraiment ?
Le cercle de lumière devient rapidement rouge, à nouveau, avant de redevenir jaune, puis bleu. Système instable.

L’analyste ne bouge pas. Pas d’un iota, une immobilité que seul un androïde peut avoir. Et pendant ce temps, la main de l’humaine s’est glissée contre sa bouche également, et son corps contre le sien, pour s’assurer son emprise. Il ne hoche pas la tête – par peur de la lame – et ne parle pas, mais lève les mains, comme signe de soumission. Il trouvera bien un moyen d’échapper à cette humaine. Il est plus intelligent qu’elle, fabriqué pour tirer profit de toutes les situations, pour les analyser et trouver la faille qu’elle laissera pour lui, pour qu’il puisse s’échapper. Il y en aura forcément une.

Alors autant la suivre pour l’instant.

Immobile, l'androïde lui fait penser à une statut. Inhumain, sans vie. Il ne lui répond pas, ne peut pas le faire avec la main d'Azula sur sa bouche, mais lève les mains pour lui faire comprendre qu'il ne cherchera pas à s'opposer. Mais la jeune femme ne lui fait pas confiance. Tandis que l'Orlov le contourne pour lui faire face, la lame ne quitte pas la peau de l'androïde, change simplement de localisation, passant de sa nuque à son cou, là où se trouverait normalement la carotide d'un humain. Son regard se fixe sur le visage de l'androïde, en détaille les coutures pendant quelques secondes. Ses iris s'attardent un peu plus longtemps sur le cercle qui tourne sur la tempe du brun. La moitié de son visage à elle est camouflé par le tissu qui la protège du froid. Sans dire un mot de plus, la jeune femme l'attrape par le bras pour l'entraîner avec elle. La lame se loge dans son dos pour l'inciter à avancer. La neige crisse sous leurs pas. Azula presse l'allure, elle cherche à mettre le plus possible de distance entre eux et la ville. Son cerveau tourne à toute vitesse dans son crâne. Elle ne sait pas ce qu'elle fait, pourquoi est-ce qu'elle s'est décidée à enlever cet androïde. Que va-t-elle faire de lui, désormais? Si elle le ramène au camp humain, elle sait qu'elle sera obligée de le remettre au Conseil et qu'ils s'attribueront ensuite toute la réussite. Elle n'a pas envie de leur donner. Elle en connaît quelques-uns qui seraient probablement ravis d'avoir entre leurs mains un androïde. Ses composantes lui permettraient probablement de faire de très bonnes affaires sur le marché noir, mais elle ne voit pas comment est-ce qu'elle pourrait réussir à le faire entrer dans leur camp sans qu'il ne soit démasqué. Pas avec ces vêtements. Azula secoue doucement la tête, raffermissant davantage son emprise sur l'androïde. Pour l'instant, elle doit déjà réussir à retourner jusqu'au camp avec lui, et cela ne pourra pas être possible si elle n'est pas concentrée.  « C'est stupide d'être sorti seul. Vous êtes des proies faciles. »

La lame glisse contre sa peau, déclenchant des milliers de capteurs sensoriels qui y sont logés. La sensation n’a rien d’agréable, elle n’a en réalité rien de nommable. Elle est étrange, presque froide. Sans doute parce que la lame est gelée, au dehors par ces températures. Le brun laisse son regard se poser sur l’humaine. Il se souvient d’elle, il l’avait croisé un jour et se rappelle en avoir été perturbé. Son regard perçoit la symétrie parfaite du visage de la brune. Incomparable, même une autre machine n’aurait pu réussir cet exploit d’assembler tous les traits de ce visage de manière aussi harmonieuse. Il en oublierait presque la lame contre sa gorge, si la brune n’était pas aussi encline à la maintenir parfaitement à sa place. Elle se déplace, finalement, et vient dans son dos, après lui avoir pris le bras. Nolan analyse rapidement la situation, mais toutes les issue qu’il a en tête sont dangereuses. Ce n’est pas encore le moment. Alors il s’avance, sans un regard en arrière pour la ville.

« Un androïde n’est jamais seul. » s’entend répondre Nolan, il n’a pas vraiment dû réfléchir pour répondre à l’humaine, c’est simplement la vérité qui s’est échappé d’entre ses lèvres. Le brun ne fait aucun geste qui pourrait déplaire à celle qui tient la lame qu’il sent dans son dos. Il réalise par après de la portée de ses mots. La stratégie lui semble bonne, alors il continue. « Vous, en revanche… » Il appuie son argument d’un regard sur le côté, comme pour capter l’attention de l’humaine. Tous ses sens technologiques sont en alertes, chaque geste est millimétré, calculé pour servir son but. Dans ce cas : lui faire croire que d’autres androïdes vont arriver. « Comment avez-vous survécu sans être connectés à vos paires ? » Et son regard part sur l’horizon, il ne doit pas insister Nolan, il l’a déjà trop fait.

Ses sourcils se froncent alors que l'androïde prend la parole. Son regard glisse autour d'eux. Il n'y a que de la neige, des arbres, quelques végétaux. Et le silence, uniquement perturbé par le bruit de leurs pas et le son de leurs voix. Il n'y a personne, à part eux. Pour l'instant. Azula ne sait pas où il veut en venir. Elle connaît bien mal les androïdes et leur fonctionnement. Peut-il envoyer un message de détresse à ses paires? Ou est-il simplement en train de bluffer pour la faire douter? La question de l'androïde la déroute. En réalité, Azula est reconnaissante qu'ils ne soient pas tous connectés les uns aux autres. Elle sait qu'elle ne pourrait pas le supporter. C'est bien ça, qui les différencie tellement, humains et androïdes. L'individualisme, le besoin d'exister par soi-même. Elle ne sait pas comment ils ont fait pour survivre tout ce temps, ils l'ont simplement fait. « Nous n'avons jamais connu rien d'autre que ça. » Alors ils ont toujours vécu en fonction. Bien sûr que certains y ont probablement déjà laissé la vie car personne n'était là pour les sauver. Mais Azula n'est pas certaine que cela ne s'applique pas aussi aux androïdes. Elle n'est pas certaine qu'il ne bluffe pas, même s'il semble étrangement serein pour quelqu'un que l'on menace d'une lame. « Nous sommes pleins de ressources, probablement plus que vous l'imaginez. »  Elle sait que les androïdes ont une piètre estime d'eux, pauvres humains. Elle ne peut pas forcément les blâmer pour ça, car elle-même ne sait pas trop quoi penser de sa propre race. Mais elle sait aussi qu'ils les sous-estiment peut-être un peu trop, aveuglés par leur humanité et les imperfections qu'elle entraîne.

Dans son dos, Nolan sans l’humaine bouger. Est-elle en train de sonder les alentours ? Il l’espère. Il espère avoir semer le doute dans son esprit primaire, que la crainte s’immisce et lui fasse perdre ses moyens. Une petite erreur, c’est tout ce dont il a besoin, le brun. Une erreur et il sera libre. Ses membres mécaniques lui permettront de courir plus longtemps qu’elle, et surtout plus facile, dans ce froid éternel. L’homme ne réagit pas quand il sent la lame s’enfoncer un peu plus, piquant son épiderme artificiel. La réponse de l’humaine le laisse tout aussi de marbre. Ce n’est pas qu’il s’en fiche, c’est tout simplement que sa réponse ne lui tire aucune réaction particulière. « Je suis curieux de le constater par moi-même. » Un demi-mensonge. En réalité, ce n’est pas un mensonge du tout. Nolan est curieux de savoir ce qu’elle aurait fait de lui, et comment les humains parviennent à survivre dans ce froid, expulsé de la seule ville aux horizon. A Newhill, les androïdes leur avait donné des appartements avec du chauffage. Et si la nourriture était primaire, elle existait.

Avant que Nolan n’ait pu dire quelque chose de plus, un bruit mécanique se fit entendre à sa droite. Un signal plus qu’un bruit, que seul lui – probablement – avait entendu dans leur petit duo atypique. Le brun se fige, et ne réagit pas quand la lame s’enfonce un peu plus dans son dos. Au loin, une machine de guerre. Un modèle qu’il connait de par sa connaissance du monde, mais qu’il n’a jamais vu en vrai. Il n’a jamais vu de machine de guerre en vrai. Il n’est pas pensé pour ça, il n’est pas conçu pour aller les exterminer. Lui et l’humaine se sont trop éloignés de la ville, et aussi loin, les machines rodent. Et celle-ci est particulièrement grosse, son énorme queue métallique pourrait les assommer aussi facilement que Nolan pourrait écraser un insecte. « Elle recherche tout ce qui est vivant pour son biocarburant. » Un regard vers l’humaine. Elle ferait une meilleure cible que lui, même si le thirium et le biocarburant qui coule en lui sont aussi précieux pour la machine. Nolan pourrait fuir, et la laisser là. Il pourrait simplement se servir de la machine comme d’une distraction. La lumière à sa tempe s’agite, devient jaune, et parfois rouge. Le système défaille encore. Que doit-il faire ?

La machine s’approche, ses énormes enjambées la rendent rapide. Trop rapide. Nolan tire d’un coup sec sur son bras et se dégage de l’humaine. Son regard croise un instant celui de l’humaine.

Il faut fuir.

L'androïde lui répond avec calme, le ton de sa voix ne trahit aucune inquiétude. Azula est étonnée, même si elle savait que la panique n'est pas le genre de sentiments qu'ils ressentent. Son self-contrôle l’agace, en réalité. C'est toute cette perfection qu'elle méprise, qui l'empêche de sympathiser avec les androïdes. Elle les déteste pour ça, pour ce qu'ils représentent. Car ils sont ce que les humains pourraient être si on leur enlevait leur humanité. Azula ne répond pas à l'androïde. Elle se contente de continuer à avancer, savourant le silence de courte durée.

Il l'entend avec qu'elle ne réagisse. Ses sens d'humaine ne sont pas aussi performants que ceux d'une machine. L'androïde s'arrête net et Azula manque de lui rentrer dedans. La lame se fait plus pressante, avant que la jeune femme ne fasse un pas en arrière. Elle s'apprête à dire quelque chose, à lui ordonner d'avancer, lorsque son regard est attiré par la carcasse de métal. Son corps se fige tandis que le rythme de son cœur accélère dans sa poitrine. Il fallait qu'ils tombent sur l'une de ces satanées machine de guerre. Azula a appris à se défendre contre ces dernières, à les achever même lorsque Lazar et Baz ont besoin d'elle, mais seule, elle ne fait pas le poids face à ces monstres. Elle le sait et même elle n'est pas suffisamment suicidaire pour tenter sa chance. Elle ne répond pas à l'androïde, l'écoute à peine alors qu'elle réfléchit aux possibilités qui s'offrent à eux. Elle pourrait lui planter sa dague dans ce qui lui sert de cœur, et le laisser pour mort ici. Peut-être cela suffirait-il à satisfaire la bête et lui offrirait une chance de s'échapper. Elle ne sait pas comment les machines de guerre réagissent au contact des androïdes, mais les murailles qui entourent Newhill lui font dire qu'ils sont certainement tout autant des cibles de choix qu'eux. Probablement que la machine ne cherchera pas à faire la différence. Mais Azula n'a pas le temps de se décider, et surtout elle n'a pas le temps de s'engager dans une lutte contre cet androïde, même si elle est persuadée d'avoir le dessus sur lui. L'animal mécanique court déjà vers eux à grandes enjambées. Toute l'avance qu'ils ont sur lui sera bientôt envolée s'ils ne bougent pas rapidement. L'androïde se dégage de l'étreinte de l'Orlov et elle ne fait même rien pour l'en empêcher. Leurs regards se croisent, et Azula ne met qu'une demi-seconde à réagir ensuite. Sa main se referme autour du poignet de l'androïde et elle se met à courir, l'entraînant avec elle vers leur gauche, là où les arbres sont plus fournis et leur offriront peut-être un moyen de se cacher. Car c'est ça, ou se battre. Ils ne pourront pas distancier la machine de guerre, elle est bien plus rapide qu'eux. Rapidement, Azula lâche le poignet du brun pour avoir plus d'aisance. Il court plus vite qu'elle, la jeune femme lutte pour rester à son niveau. Le souffle court, seule l'adrénaline lui permet de puiser dans ses ressources pour courir plus vite. Elle entend les cliquetis de la machine, quelque part derrière eux, ainsi que ses grognements. Le regard d'Azula scanne les environs, et un renfoncement légèrement sur leur droite attire son attention. Elle pointe du droit l'endroit, en criant assez fort pour que l'androïde l'entende. « Par là!  Je crois que c'est une grotte! » Ils se déportent tous les deux en direction de l'endroit, lui toujours devant, gagnant à chaque pas un peu plus d'avance sur elle.

Un quart de seconde, peut-être un peu moins. C’est le temps de la réflexion de l’humaine, avant qu’elle ne l’attrape à nouveau par le poignet, cette fois, pour l’obliger à sa suivre. Son touché est étrange sur sa peau, mais Nolan n’a pas le loisir d’analyser sa propre réaction avant d’être attiré dans la course folle que la brune a entrepris. Le brun la suit sans difficulté, laissant ses jambes prendre le dessus. Bientôt, elle le lâche et il la devance de quelques dizaine de centimètres. Lui n’est pas fatigué, mais il ne pourra pas courir comme ça éternellement : la bête mécanique va bien plus vite qu’eux, ils doivent trouver une solution. Et avant que l’analyste ne puisse scanner son environnement, la brune repère leur salut : une grotte. Elle désigne une grotte sur leur droite, et Nolan n’a aucun mal à en repérer l’entrée. Il bifurque sur la droite, tout comme sa partenaire de fuite. A chaque enjambée, il devance un peu plus l’humaine. Il pourrait la laisser là, et simplement partir devant, atteindre la grotte et en trouver une autre sortie pour fuir. Mais Nolan ne réfléchit pas. Pas de manière rationnelle et logique. La lumière à sa tempe se fait rouge à nouveau, alors qu’il ralenti, et tend le bras pour attraper l’humaine par une extrémité – n’importe laquelle ! « Plus vite !! »

Ses doigts se referment autour de la manche de sa veste, et puis trouve ses doigts et s’emmêlent avec eux – tout ça en un temps record – pour assurer sa prise. Ce n’est que quand il est certain qu’il la tient bien qu’il tire sur son bras sans réfléchir à faire mal ou non à l’humaine, pour l’attirer dans la grotte plus vite. Il la pousse devant lui et se faufile par l’étroite entrée de la cavité. Lui n’a pas le souffle court, mais ses batteries en ont pris un coup. Le brun se sent assoiffé, assoiffé de ces boissons qu’on a fabriqué pour eux, qu’ils consomment toujours. Derrière eux, la bête gratte contre la cavité, sa patte mécanique est assez fine pour y entrer, et Nolan pousse à nouveau l’humaine plus loin – sans aucune délicatesse – avant de se reculer lui aussi.

« Il faut trouver une issue. » Son regard se pose déjà autour de lui. Peut-être qu’il n’y a pas d’issue, peut-être qu’ils devront sortir par là où ils sont entrés. Si c’est le cas ils sont perdus, car les machines ne dorment pas.

Azula n'est pas certaine qu'elle y arrivera, jusqu'à cette grotte. Le bruit de la machine qui cavale derrière eux se fait de plus en plus menaçant, de plus en plus proche. Elle n'est pas prête à abandonner pour autant, et continue à courir, son regard fixé sur l'androïde qui la devance. Il finit par ralentir, et l'Orlov ne comprend pas de suite ses intentions, pas avant qu'il ne tendre le bras vers elle. Elle voit que le cercle à sa tempe est devenue rouge. Elle ne cherche pas à comprendre pourquoi, et se laisse saisir par ce dernier. Sa manche, puis sa main. Leurs doigts se lient, et Azula n'a pas le temps de penser à ce geste étrange que l'androïde la tire avec force dans la grotte, la poussant à entrer avant lui. Son bras la lance, mais ça n'est rien d'insupportable, rien qui ne passera pas d'ici quelques minutes. Azula se presse contre les cavités de la grotte, le souffle court. Les griffes de la machine viennent gratter contre les parois rocheuses, tout près d'eux. L'androïde la pousse à nouveau, et Azula se contente de lui lancer un regard tout en avançant un peu plus loin. Les murs de la grotte sont glacés. La voix de l'androïde s'élève à nouveau. Les iris de la jeune femme glisse vers sa gauche, là où l'obscurité devient de plus en plus oppressante. Si elle continue à avancer, elle ne verra bientôt plus rien, mais tant pis. Ils n'ont pas le choix. C'est ça, ou faire demi-tour et offrir à cette machine ce qu'elle souhaite. «  Il n'y a qu'un chemin par lequel nous pouvons continuer. » Alors Azula avance. Elle n'attend pas de voir si l'androïde la suit, elle sait qu'il le fait. Il n'a pas le choix, et elle sent sa présence dans son dos. Elle ne dit rien, se contente seulement d'avancer, sa respiration encore haletante qui résonne contre les parois de la grotte. Ses mains glissent contre la roche pour la guider. Le silence s'installe entre eux alors qu'ils avancent dans l'obscurité, et ni l'un ni l'autre ne vient le rompre. Azula ne comprend pas pourquoi est-ce qu'il l'a sauvé, pourquoi ne l'a-t-il pas laissé être tuée par la bête. Elle n'est pas certaine qu'elle aurait fait de même, si les rôles avaient été inversés. Elle est même persuadée qu'elle ne l'aurait pas fait, en réalité. Quelques minutes plus tôt elle pensait à le poignarder pour sauver sa peau. Cet androïde l'intrigue décidément bien plus qu'elle ne l'aurait pensé.

Nolan hoche la tête. Elle a raison, ils ne peuvent continuer que par un chemin. Alors que les griffes de la bête grattent toujours contre les parois rocheuses de la cavité, nolan s’engouffre dans le couloir naturel humide dans lequel l’humaine le précède. Le brun ne voit rien, mais l’obscurité ne le dérange pas. Ses doigts glissent contre les parois de la grotte, pour se diriger. Il s’oriente également grâce au bruit des pas de sa prédécesseuse. Finalement, un rayon de lumière filtre à nouveau et les deux compagnons d’infortune se retrouvent dehors en quelques minutes. Mais alors qu’ils sortent, Nolan entend à nouveau ce même bruit qu’il l’avait alerté de l’arrivée de la grosse machine. Il tire sur l’arrière de la veste de l’humaine, et la fait tomber dans la neige, avant de poser la main sur sa bouche, par-dessus le tissu qu’elle porte pour la protéger du froid. Nolan fait un geste du menton vers deux machines qui veillent, et observent leur environnement. Des machines éclaireurs, utiles en temps de guerre. Désormais elles préviennent les plus grosses machines de l’arrivée d’étrangers.

Nolan s’approche de l’humaine, pour pouvoir chuchoter et s’assurer qu’elle l’entendra. « Est-ce que tu peux les tuer ? » Il doit utiliser tous les atouts de son côté, et pour l’instant, la brune est un atout pour lui, dans la lutte pour sa propre survie. Nolan avise l’arc. « Directement dans leur viseur, pour les aveugler. » souffle-t-il à nouveau.

La lumière filtre à l'autre extrémité de la grotte, leur offrant ainsi une échappatoire. Azula est la première à sortir, laissant à ses yeux le temps de s'habituer à la luminosité de la neige immaculée. A peine a-t-elle le temps de faire quelques pas qu'elle est attirée à nouveau en arrière par l'androïde et perd l'équilibre, tombant ainsi dans la neige. Elle n'a pas le temps de réagir, de lui demander ce qui lui prend que sa main vient couvrir sa bouche pour l'empêcher de parler. Azula laisse son regard balayer l'horizon et se poser sur les deux machines que le brun lui indique, un peu plus loin. Des machines moins menaçantes que celle qu'ils ont croisé plus tôt, mais qui restent tout de même dangereuses. Azula sait qu'ils n'ont pas le choix s'ils veulent s'enfuir. L'androïde se rapproche d'elle, et le regard de l'exploratrice se pose sur son visage, quelques secondes. Leurs iris se croisent, et la jeune femme est étonnée d'y voir de la vie, de l'humanité, presque. Une réplique parfaite façonnée à l'image des humains qui l'ont créé. Azula hoche doucement la tête en réponse à sa question, avant de fixer à nouveau son attention sur les bêtes. Sa main vient attraper son arc, dans son dos, ainsi qu'une flèche. L'Orlov n'est pas aussi douée que son frère ou Baz, elle le sait. Elle n'a pas leur force, ni leur expérience pour tuer les machines. Elle n'est pas une chasseuse, mais elle a suffisamment partagé ses expéditions avec ces derniers pour se savoir capable de les tuer. Sûrement pas sans mal, mais peut-être que l'androïde pourrait s'avérer être une ressource intéressante. « Dès que je les aurais touché, elles vont chercher à riposter. » La voix d'Azula n'est qu'un murmure, mais elle sait que l'androïde l'entend. Attrapant l'une des lames accrochées à sa taille, la jeune femme la met entre les mains du brun, lui lançant un regard sombre par la même occasion. « Si tu me plantes avec cette dague, je te tue. » Elle n'a pas confiance en l'androïde, mais elle n'a pas vraiment le choix. Sans armes, il ne sera pas d'une grande utilité et Azula sait que gérer les deux machines à la fois est un trop grand risque. Autant qu'il essaye lui aussi de se défendre. Sans perdre plus de temps, l'Orlov se redresse légèrement et encoche la flèche, visant la première machine dans son viseur. La première flèche touche la machine en plein dans le mille. Azula a tout juste le temps d'encocher la deuxième flèche que la seconde machine les repère et se met à courir vers eux. La flèche loupe le viseur, ricochant sur la carcasse de métal de la bête.

Leurs regards n’ont de cesse de se croiser, et à chaque fois, une petite étincelle d’une chose étrange s’allume dans le programme de Nolan. Quelque chose qu’il ne comprend pas, et dont il n’a pas à chaque fois conscience. Sa déviance se fraie un chemin, mordillant doucement les barrières d’un programme limité, d’un programme qui ne veut que se libérer, et laisser tout son potentiel exploser. Chaque coup d’œil de l’humaine pousse le courant électrique à se faire plus rapide, plus piquant.

Finalement, la voilà qui se redresse pour attraper son arc, et une flèche. Nolan s’éloigne un peu et l’observe. Mécaniquement, il observe ses mouvements, sa posture, mais est incapable de déterminer si elle est correcte ou non. Avant d’encocher la flèche, elle attrape une dague à sa ceinture et la tend à Nolan, qui l’observe une seconde sans réagir, sans émotion, si ce n’est une légère confusion. Les paroles de la brune lui font comprendre qu’il doit s’en emparer – ce qu’il fait – et qu’il est censé se défendre avec. Les doigts du brun glissent contre le manche, et il hoche la tête. « Les machines. » C’est sur ça qu’ils doivent se concentrer, tuer son unique chance de s’en sortir en vie serait idiot.

L’humaine se place, et tire sa première flèche, qui fait mouche. Nolan n’est pas pour autant soulagé, et avec raison. La seconde machine les a vu, et court désormais vers eux. La brune encoche une seconde flèche, mais cette fois elle loupe le viseur. Nolan ne réfléchit pas, son programme hurle qu’il faut partir, et il attrape la manche de la brune – encore – pour l’entrainer sur la gauche, juste quand la machien bondit pour leur sauter dessus. L’analyste observe la bête une seconde avant de repérer quelques points faibles sur sa carcasse de métal. Son regard technologique lui permet de voir des choses que l’humaine ne peut pas voir, mais il n’a pas le temps de transmettre ses informations que déjà la bête se relève pour les attaque une seconde fois. « Court ! » Il la pousse, avant de se mettre à courir lui aussi.

Le cœur d'Azula bat un peu plus vite dans sa poitrine alors que la machine court vers eux à toute vitesse. Les réflexes de l'androïde sont bien plus rapides que les siens et, une fois de plus, il ne la ménage pas alors qu'il tire sur sa manche pour l'entraîner  vers leur gauche, évitant de peu la bête de métal qui s'est jeté sur eux. Azula tombe à moitié sur l'androïde, le regard fixé sur leur opposant. La voix du brun la presse à nouveau de réagir, et l'Orlov se plie à l'ordre qu'il vient de lui lancer sans rechigner. Elle court, à nouveau, en sachant pertinemment que cela ne les sauvera pas. La machine est trop proche, plus légère que la première, tout aussi rapide donc, mais bien plus agile. Quelques secondes seulement s'écoulent avant qu'Azula ne se mette à son tour à crier. « Ça ne sert à rien de courir! Il faut qu'on la tue! » Comme si la machine avait compris le sens de ses paroles, elle pousse un grognement animal dans leur dos et Azula a tout juste le temps de lui lancer un regard avant de se jeter par terre pour éviter la carcasse de la bête. L'androïde a fait de même pour éviter lui-aussi d'être mis en pièces par les griffes ou la mâchoire de la machine. L'exploratrice profite de ces quelques secondes pour encocher une nouvelle flèche et alors que la bête les charge à nouveau, la flèche part, perforant la carcasse de métal, touchant cette fois-ci son viseur et plongeant leur assaillant dans une plus grande folie encore. Aveuglée, mais pas moins enragée, l'animal robotique est bien trop proche pour qu'Azula ne réussisse à l'éviter, même avec ce nouvel avantage gagné. Les griffes d'acier viennent lacérer son bras, traversant la couche de ses vêtements pour blesser sa peau, tandis que le poids de la machine la fait basculer en arrière. Un cri de douleur échappe à la jeune femme, alors que les premières gouttes de sang viennent souiller la neige jusque là immaculée.

L’humaine lui tombe à moitié dessus, et Nolan met un quart de seconde de trop à la repousser pour se dégager. L’humaine provoque en lui des réactions non programmées, qui ne lui ressemblent pas. Le brun lui accorde un regard. Un regard de trop, dans ce genre de situation. Mais la brune est alerte, elle réagit rapidement et prend la bonne décision : ils doivent tuer la bête de métal. Le grognement de la machine glace le sang bleu de l’androïde, qui voit l’humaine se laisser tomber au sol pour éviter un nouvel impact. Nolan ne réfléchit pas et agit par instinct en en faisant de même. La bête ne les touche pas, mais se retourne avec férocité. C’est à cet instant que l’humaine encoche une flèche, vise et tire. Et fait mouche. Nolan se redresse, l’armée confiée toujours fermement entre ses doigts. Il observe la scène, alors que la machine, folle de rage, s’en prend à l’humaine.

Fuit. Souffle l’instinct de l’androïde. Il observe la scène, une seconde passe. C’est une humaine, elle doit mourir, elle doit mourir pour que la terre soit enfin guérie du maux que sont les humains. Nolan fait un pas en arrière, mais la dague dans sa main semble plus lourde, trop présente. Son regard se pose sur la lame acérée, et en une fraction de seconde, la led à sa tempe devient rouge.

Défaillance système.
Stade 2.

Un clignement de paupière, et l’androïde semble réaliser où il se trouve. Perturbé, mais toujours en état de fonctionner, il décide alors de ne pas fuir. Le brun bouge, semblant chercher le meilleur angle d’attaque, mais la machine l’entend. Elle ne voit pas. Elle entend. Il ne faut pas longtemps à l’androïde pour comprendre, et alors que la bête se jette dans sa direction, il glisse dans la neige, et sans réfléchir, plante la dague dans ce qu’il a détecté plus tôt comme étant son capteur audio droit. Mais la bête réagit, et ses immenses griffes déchirent vêtements, peau, et carcasse métallique. La douleur est cette fois bien présente, lancinante, elle illumine tous ses capteurs de petites lumières blanches dont Nolan est étrangement conscient. Il ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. C’est la première fois qu’il a mal, et en réaction, il cherche à atteindre la bête à nouveau avec sa dague.

La douleur irradie dans tout son bras, remonte jusqu'à son épaule et le haut de son buste. Mais Azula persiste, elle se débat, tente de résister aux assauts de la bête. La mâchoire serrée, elle essaye d'ignorer les griffes qui lacèrent ses vêtements et abîment sa peau, tout comme les crocs qui menacent de se refermer autour de sa gorge. Les mains ne sont bientôt plus suffisantes et l'Orlov ajoute à sa force ses jambes, qu'elle pousse contre la machine de guerre pour tenter de la garder à distance. Une tentative vaine, qui ne permet que de lui faire gagner un peu plus de temps. Tout juste assez de temps pour que l'androïde se décide à agir. La bête l'entend, et abandonne l'humaine pour se jeter sur le brun. Azula est surprise, persuadée que son compagnon d'infortune l'avait abandonné dès que l'occasion s'était présentée. Mais il est resté, et l'exploratrice ne comprend pas pourquoi.  Mais elle n'a pas le temps de réfléchir davantage à la question. Elle se relève, alors que l'androïde est désormais la cible des attaques de l'animal. Sa main gantée vient se poser automatiquement contre sa blessure. Un réflexe, qui lui arrache une grimace. Le gant est taché de sang, mais qu'importe. Azula ne réfléchit pas longtemps avant de s'approcher de la machine par le côté où elle est désormais privée de la vue et de l'ouïe. Car l'Orlov a vu l'androïde faire, et que l'anatomie des machines de guerre lui est familière. La bête de l'entend pas venir et l'exploratrice en profite pour planter sa dague dans la carcasse métallique, espérant perforer au passage quelques pièces importantes, essentielles à la survie de l'animal. La machine est prise par surprise, et quelque chose proche d'un grognement de souffrance s'échappe de sa gueule. C'est au tour de l'androïde, blessé lui aussi, de saisir cette occasion pour planter à nouveau son arme dans la bête. Cette dernière commence à se débattre avec force, éprise d'une crise de folie qui ne peut que signifier que la machine commence à paniquer, tant et si bien que la panique soit quelque chose qu'elle soit capable de ressentir. Peut-être est-ce simplement l'instinct de survie, qui la pousse à réagir ainsi.  Aveuglée, à moitié sourde, blessée, la bête gesticule dans tous les sens. Elle prend Azula par surprise alors que son corps entre en collision avec celui de l'humaine. La neige amortit sa chute, mais l'Orlov sent la force du choc résonner dans tout son être.

Les sangs rouges et bleus se mêlent à la neige, rendant la scène presque iréelle. La douleur est finalement présente chez l’androïde, qui tente de se libérer des griffes d’acier de la bête. Elles glissent contre sa propre carcasse en acier, et la déchirent, parfois. Au contraire des humains, les androïdes ne coagulent pas. Alors quand le sang bleu se met à couler, Nolan sait qu’il ne tiendra pas plus d’une journée si il ne parvient pas à fuir rapidement. Heureusement, l’humaine le rejoint. Blessée elle aussi, elle se met sur ses deux pieds et s’approche pour prendre la bête par surprise. Le combat est peut être équilibré comme ça, entre eux deux d’un côté et la bête de l’autre. La brune attaque, et fait mouche. Les grognements de la bête sont plus que réalistes, et parviennent à surprendre l’androïde, qui recule avant de lancer son bras, armé de la dague de la brune, pour frapper encore une fois la bête. L’humaine tombe au sol quand, dans un mouvement de panique, la bête se cogne contre elle avec violence. Nolan n’hésite pas, et frappe une seconde fois dès que son ventre est visible. C’est là sa partie la plus faible, et rapidement les doigts de l’androïde sont couverts de sang argent. Le mercure qui coulent dans les tuyaux des bêtes coule contre la neige, se mélangeant avec le thirium et l’hémoglobine.

Un instant, Nolan observe la scène. Il sent le thirium qui coule contre sa peau artificielle, mais hésite. Il devrait partir, tout de suite. Courir vers la ville, et mettre le plus de distance possible entre lui et l’humaine. Mais quelque part, profondément ancré au fond de son être, une semi-conscience s’éveille et lui hurler de vérifier qu’elle va bien. Piegé entre son programme et un instinct auquel il ne comprend rien, Nolan reste figé une seconde. Il observe le sang qui coule des plaies de l’humaine, et fini par s’approcher.

Leurs regards se croisent, et il sait alors qu’elle va bien. Elle s’en sortira. Nolan aimerait rester, ou du moins une partie de lui aimerait qu’il reste. Il veut en savoir plus sur elle, mais toutes ces émotions sont rapidement relayées au second plan quand une goutte de thirium 310 coule contre la dague, depuis son bras, et s’échoue au sol. Alors il reprend conscience.

Un dernier regard, avant de tourner les talons. Le brun tient toujours la dague, sans s’en rendre compte. Il ne la lui rend pas, et s’éloigne vers ce qu’il pense être la ville.